vendredi 10 décembre 2010

Un Erasmus anversois merveilleux envers moi

Mes chers lecteurs, je me suis rendue compte que j’ai moi-même déserté mon blog… Quelle honte… Je vais y remédier de ce pas et vous conter une histoire.

La St Nicolas est passée et je n’ai pas eu l’occasion de vous remercier de m’avoir suivie jusqu’ici. J’aurais aimé vous offrir des bonbons, mais je ne peux vous offrir que cet article. Et puis, ça m’arrange, parce que St Nicolas ne connaît pas la crise et n’a pas hésité à augmenter le prix de ses sucreries. Donc, soyez heureux de ne pas avoir de carries à cause de moi. Je vous propose tout de même quelque chose à vous mettre sous la dent, si vous n’avez pas (encore) reçu votre assiette de chocolats et sucreries, vos pièces et votre St Nicolas en chocolat et/ou vos mandarines. Ou si vous avez déjà tout mangé… Bande de goinfres ! Je voudrais juste dire une chose à propos de ces mandarines. ‘Y en a qui reçoivent des fruits ?! Qué chaaaance, j’ai envie de dire ! Un St Nicolas bio ! Mais c’est quoi ce bordel ? Et quoi ? Il est habillé en vert, a une crosse faite d’asperges et de brocolis et gueule aux enfants de bouffer leurs cinq fruits et légumes par jour ? Mouais… De toute façon, j’ai toujours préféré Père Noël. Bref.

Changeons de sujet et passons aux douceurs de ma nouvelle vie.

Comme vous le savez, je suis étudiante en traduction-interprétation à la FTI (l’EII de notre cœur). Au mois de septembre, j’ai été admise en troisième bachelier, ce qui me vaut l’élégant statut d’étudiante Erasmus. Bon, pour ceux qui ne sauraient pas ce que c’est, l’Erasmus, en gros, c’est un programme qui vous permet d’aller étudier de six mois à un an à l’étranger, de préférence dans un pays où l’on parle une des langues qui construisent votre combinaison linguistique. La mienne étant anglais-néerlandais, et sachant que j’ai un meilleur niveau dans la langue de Shakespeare, j’ai donc décidé de privilégier celle de Vondel. J’avais donc le choix entre les Pays-Bas et la Belgique. Vu que je vis en Belgique, j’ai donc logiquement décidé… d’y rester. Oui, les problèmes politiques, mes amis, ma famille et mon chien m’auraient trop manqué. Sans oublier qu’en restant en Belgique, je resterais plus près de l’EII en cas de problème. Non, pas « en cas de problème », j’suis bête, lorsque j’aurais eu des problèmes. Et évidemment, il y en a eu. Mais je passerai les détails de ces échanges de mails et lettres merveilleux. Sans compter les trajets en train et tout le bataclan. Pour résumer, une seule phrase : « Et bardaf, c’est l’embardée ».

Oh j’ai oublié de vous dire où se passait exactement mon Erasmus. Et bien… Lisez le titre… Vous l’avez bien compris, je suis passée au nord du pays, chez l’ennemi. Avec la conjoncture politique, je m’attendais honnêtement à voir une bande de barbares armés de fourches, de lances et de torches. Mais ils étaient seulement armés de vélos. Soulagement donc. En fait, ils sont très accueillants ! Ma propriétaire était d’ailleurs ravie d’avoir de la diversité dans le bâtiment ! Par contre, à l’école, c’était un peu différent. Le premier jour, on a eu droit à une petite rencontre Erasmus avec une prof de français de l’établissement. Cette femme est d’ailleurs complètement grillée, mais très sympathique. Elle nous a dit clairement qu’il nous incombait de faire le premier pas, car les Flamands ne viendraient jamais vers nous. Motif : « Ils ont peur de vous ». Je vous avouerai qu’il y a eu un petit moment de silence, surtout quand on sait que ce sont eux qui veulent nous refourguer aux Français. Bref, quelques petits sourires apparaissent sur les visages, les regards se croisent, on discute et voilà un petit groupe d’Erasmus francophones qui s’est formé. Au fil des semaines, on a fait plus ample connaissance et, par le plus grand des hasards, nous voilà amis sur Facebook avec des Flamands ! Nom de Dieu, j’en r’viens pas ! Et maintenant, les messages fusent pour savoir où on fera la prochaine sortie tous ensemble. Elle est pas belle la vie ?

En ce qui concerne les cours, ce n’est pas vraiment différent de l’EII : les horaires représentent une vraie galère, les groupes sont divisés en sous groupes eux-mêmes divisés en d’autres petits groupes qui sont finalement rassemblé en un seul pour être divisé à nouveau au cours de l’année. Les deux doigts dans le nez. Ils ont également des cours qui ne leur serviront pas à grand-chose dans leur carrière de brillants traducteurs ou interprètes. Ce sont des cursus du genre « communicatiewetenschap », « wetenschappelijke schrijving », « nederlandse grammatica » (enfin, celui-là, je le mets là, parce qu’on a un Berré au féminin version flamande… Vous voyez l’topo ?). Je les ai laissés en néerlandais parce que ça fait classe. Et si vous voulez la traduction, débrouillez-vous ! Il est temps que vous appreniez à rechercher des choses utiles sur la toile au lieu de surfer sur des blogs !

Les sorties, voilà un passage intéressant. Il faut dire qu’au début, chacun restait chez soi et voulait travailler. Cependant, petit-à-petit, les esprits se sont libérés, les corps se sont relaxés et nous avons pris le chemin de la grande ville. Les soirées se passent évidemment avec les Flamands (qu’est-ce que vous voulez que je vous dise, on ne peut plus s’en passer de ces petits pious-pious). Elles sont souvent agrémentées de discussions banales, politiques, osées, d’échange de vocabulaire peu digne d’une langue standard, de rires, de parties de billard et de kicker. À ce propos, le passage du côté obscur n’a pas nui à nos qualités de joueurs de kick. Oui, messieurs, mesdames, à eux aussi, nous leur foutons la honte de leur vie. Et ils en redemandent ! ‘Voyez qu’ils sont attachants ! En gros, avec eux, tout se passe bien.

Récemment, j’ai eu à faire à une « Flamandisation ». En effet, à bicyclette-land, pas moyen de marcher normalement, de prendre la voiture ou le tram. Il a donc fallu remédier à une situation qui peut vite devenir désastreuse… Euh, oui, j’ai acheté un vélo. Mais il est chouette ! On voit vraiment les choses d’un autre angle avec ce petit deux-roues ! Ahem. Sinon, bien sûr, tout se passe en néerlandais là-bas. Ce qui peut parfois être drôle. Exemple : tu veux acheter un produit que tu n’as pas encore chez toi. Pas de bol, arrivé sur place, t’as oublié comment ça se disait. Beh, là, tu sais que tu vas avoir l’air très bête, et que tu vas devoir faire travailler ton imagination. Et c’est parti pour un dialogue en langue des signes. Finalement, tu capitules, tu retournes chez toi, t’ouvres ton dico, tu notes le mot pour ne plus l’oublier, tu retournes au magasin, tu prends ton courage à deux mains et tu souris. Voilà, c’est aussi simple que ça la communication.

Dernier point pour aujourd’hui : la ville d’Anvers. Elle est bien sûr plus grande que Mons, mais elle n’est pas réellement différente en ce qui concerne son « contenu ». Les gens sont tous aussi pressés, désagréables et bizarres. D’ailleurs, la semaine passée, je devais prendre le tram. J’attendais un ami qui ne devait pas tarder à arriver. Je me dirige vers le banc enneigé (rappelez-vous, la semaine passée, le nord de la Belgique était aussi tout blanc) pour m’y assoir et un type qui me paraît tout à fait louche arrive près de moi. En fait, je crois qu’il avait un handicap mental. Bref, je vous donne l’équivalent de la conversation en français : « Hé mamoiselle, mamoiselle, fait froid, hein ! Attends, attends ». Là, il sort un mouchoir de sa poche et frotte le banc. Je trouve son geste très gentil, mais me doute qu’il y a anguille sous roche, et même grosse baleine sous petit caillou. Il m’invite à m’assoir, ce que je fais. Et là ! Qu’est-ce qu’il me fait ? Il s’assoit sur mes genoux !! Je vous dis pas la tronche que j’ai faite ! Je lui dis donc : « Euh, attention, mon copain va arriver, il va falloir que vous vous leviez ». Enfin, heureusement, mon pote arrive et le gars se lève d’un coup, effrayé (certainement par le bonnet et l’allure débraillée de mon pote). Il le regarde et dit : « Fait froid, hein, fait froid ! » et se barre. Drôle, maintenant, mais je vous avouerai que sur le moment, j’en menais pas large.

Bref, comme vous l’avez constaté, la vie à Anvers n’est pas vraiment différente de celle de Mons. La seule différence, c’est que mes familles ne sont pas là et qu’elles me manquent. J’ai l’impression d’avoir deux maisons, deux villes, deux vies. Mais ce n’est que pour un an. J’ai hâte que ça se termine pour retrouver mes petites habitudes dans le sud. Mais j’aime tellement ma nouvelle vie dans le nord, je m’y sens tellement bien… Vite que ça soit fini, mais pas trop vite quand même.

Chouk@