vendredi 21 décembre 2018

KDM


Aujourd’hui, j’ai pris congé. J’avais en effet prévu quelques choses à faire. L’une d’entre-elles était de rentrer la voiture au garage pour un « diagnostic complet ». L’avantage de l’électronique dans une voiture, c’est que dès que l’air de l’habitacle sent le pet, elle te demande d’aller au garage.

J’ai pris rendez-vous le 30/11/2018. Le garagiste m’avait alors informée que le diagnostic pouvait durer de dix minutes à deux heures maximum, en fonction du problème. Je planifie donc ma journée en conséquence.

J’avais ainsi prévu d’aller au garage, de me rendre à l’hôpital pour voir mon père (une opération légère, no stress), d’aller à la poste pour enlever l’un des cadeaux de Noël, d’aller acheter mes trois derniers cadeaux de Noël, d’aller au resto avec les collègues et de profiter du marché de Noël de Bruxelles dans la foulée. Tout ça, dans la joie que me procurait le premier de mes cinq jours de repos.

Ce matin, le réveil sonne à 7h00. Je me lève, bouscule le chat, il ne se réveille pas, comme d’habitude. Je me prépare et file attaquer cette journée.




J’arrive au garage à 7h59 précises, soit une minute avant l’heure de rendez-vous. Top, on est bon niveau timing. Le garage n’est pas loin de la maison en même temps, 2,2 km précisément. Ce détail a son importance pour la suite de l’histoire.

Le garagiste m’accueille. Je lui rappelle la raison de ma venue, il prend ma clé et lit les différentes notifications. Il me dit qu’il la prend tout de suite pour le diagnostic. « Merci docteur » ai-je eu envie de lui dire avant qu’il ne coupe mon élan enjoué avec un « vous pourrez venir la rechercher vers 16h ». Ceux qui me connaissent sont probablement en train d’imaginer mon visage très expressif changer d’expression aussi vite que le gouvernement démissionne. Et ils ont bien raison.

Je balbutie un peu en étouffant  un rire un tantinet nerveux : « ah, c’est ennuyeux. » Le garagiste me répond : « vous comptiez attendre ? » Ce à quoi je lui rétorque que j’avais en effet prévu un livre pour les deux heures maximales initialement communiquées. Il fait la grimace et me demande : « vous deviez l’avoir plus tôt peut-être ? » Je lui indique que mon père est à l’hôpital et que j’aurais naturellement aimé récupérer la voiture plus tôt pour pouvoir aller le voir et suivre le planning de ma journée. Il grimace encore et me dit qu’il est désolé. Il note « 12h » sur le papier et m’assure qu’il va faire de son mieux pour que la voiture soit prête pour 12h, tout en m’indiquant que la reprogrammation dure déjà au moins quatre heures.

À ce moment, je sais très bien que ma journée de congé bien planifiée, je peux me la mettre où je pense.

Je décide donc de retourner à la maison. Juste avant de partir, je reviens sur mes pas et prends le parapluie qui était dans la voiture. Que serait une journée comme celle qui s’annonce sans un vent à décorner les cocus et un crachin glaçant tombant incessamment, n’est-ce pas ? Je me rends compte que les conditions climatiques ne sont pas idéales ni propices à ma survie (ou du moins à la conservation minimale de ma santé) et décide de prendre un taxi.




J’appelle la compagnie qui arrive dans les dix minutes. Chic. Le conducteur est sympa, et on discute le temps de parcourir les 2,2 km qui me séparent de mon repère. Je me rends compte que je n’ai bien évidemment pas assez de liquide pour une course aller-retour (il fallait aussi que je reprenne le taxi pour retourner au garage). Le conducteur me suggère très justement de m’arrêter à la station essence à côté de chez moi pour prendre mon petit-déjeuner et retirer quelques euros en plus. Je m’exécute et finis par regagner mes quartiers.

Entre-temps, j’avais appelé la madre pour l’avertir du changement de plan. Elle allait donc me tenir au courant des événements à l’hôpital.

Je suis donc à la maison et n’ai strictement rien à faire. Oui, quand vous prévoyez toute une organisation sur la journée et que cette organisation s’effondre dès le début, vous n’avez pas envie de rester chez vous à fainéanter. Mais j’ai dû me résigner à l’idée que mon avant-midi était perdu. Pas grave, je me dépêcherai dans l’après-midi.

Je vous ai déjà parlé de mon karma ? Pour faire court, c’est un vrai trou du cul. J’ai un Karma De Merde (KDM, le titre de l’article. Vous l’avez ?). 

Il est 12h, soit 16h14 heure locale, lorsque le garagiste me prévient que je peux venir chercher la voiture. Le garage fermant à 17h, il faut que je me hâte.

Passablement énervée par les heures d’attentes préalables, je téléphone à la compagnie de taxis en leur demandant de faire le trajet inverse de ce matin. Après plus de 40 secondes de sonnerie, on décroche. À ma requête de déplacement, je reçois la réponse la plus claire qu’on m’ait jamais donnée : « Ah ben j’en ai po. Ah nan, po avant 30 minutes hein, au moins. » J’abandonne donc cette compagnie et lance une recherche sur Google. Je téléphone à une deuxième compagnie qui ne décroche pas. Tout cela en ayant creusé une tranchée dans mon appartement grâce à mes pas bien alourdis par la nervosité, œuf corse.

Je décide donc d’appeler un particulier. Je me présente (je m’appelle Henri) et énonce la raison de mon appel. Une dame me répond que c’est un mauvais numéro. Je lui assure qu’elle est pourtant référencée comme taxi sur Google. Étonnée de prime abord, elle m’annonce après quelques secondes de réflexion qu’il s’agit en fait de son compagnon qui est un Uber. C’est vrai que ce genre de détail peut échapper à quelqu’un qui doit recevoir ce genre d’appel des dizaines de fois par jour. Je raccroche en lui souhaitant tout de même une bonne journée.


Voyant les minutes défiler à toute vitesse, je décide d’appeler le garage pour leur dire que je ne saurai peut-être pas arriver avant la fermeture. Étant donné qu’après 8 minutes d’attente, je commençais à me sentir persona non grata, j’enfile bottines, manteau et écharpe, et, armée de mon parapluie, décide de braver la tempête à pied.




Remontée comme un coucou dézingué, je rappelle le garage tout en marchant d’un pas de guerrière dans le vent froid de cette première journée hivernale. Après 7 minutes d’attente supplémentaires, j’ai abandonné et ai plutôt appelé Cécile, ma meilleure pote. Je lui ai raconté les péripéties de la journée. J’ai sué, tremblé, reniflé, crié, juré. Elle a bien ri.

Je suis arrivée au garage après avoir parcouru ces fameux 2,2 km. Je me plante devant la porte automatique qui ne s’ouvre pas. Les trois hommes installés derrière le comptoir me miment de concert d’ouvrir la porte à la force de mains en glissant mes doigts entre les caoutchoucs (je suis bonne pour deviner les mimes). À ce moment précis, mon cerveau me crie : « MAIS ILS SE FOUTENT DE MA GUEULE ?! ». Eh beh non. Je m’exécute donc et entre dans la pièce.

Le garagiste prend la feuille du diagnostic et me dit que tout a été vérifié. Je le regarde d’un air désabusé et agacé et le coupe sèchement : « et je suppose que tout est en ordre et qu’il n’y a pas de problème ? » Il me répond dans l’affirmative et m’indique qu’il s’agissait probablement d’un bug informatique.




[Fun fact : j’ai récemment téléchargé une application de fun facts (et on ne juge pas, s’il vous plaît). J’ai pu y lire que le « bug informatique » a été nommé de la sorte parce qu’un jour, un insect – traduit par « bug » en anglais – s’est glissé dans les circuits d’un ordinateur, causant un dysfonctionnement. Depuis lors, on parle d’un « bug informatique » lorsqu’un ordinateur ou tout autre appareil électronique ne fonctionne pas bien.]

Il me rend la clé. Avant de partir, je lui signifie que j’ai appelé le garage et suis restée en attente pendant 15 minutes sans jamais avoir de réponse. Il me demande le numéro que j’ai appelé. Je lui affirme que j’ai utilisé le numéro avec lequel il m’avait contactée. Il ne s’explique pas l’absence de réponse.

Il me dit de revenir si jamais il y a quoi que ce soit avec la voiture. Je lui ai donc rétorqué en me retournant : « après la journée que je viens de passer, non merci. Au revoir (https://www.youtube.com/watch?v=0obJfkU9xB4). »

Me voilà donc en train d’écrire ces lignes en me disant que ça ira forcément mieux demain. Je ferai tout ce que je voulais faire aujourd'hui demain. Enfin...