vendredi 28 février 2020

Et si on parlait en 300 mots du harcèlement ?

« On n’est pas des animaux quand même ! », « Oh ! Je suis pas ton chien ! ».

On les a déjà entendues ces phrases devenues hyper communes dans la vie de tous les jours. Moi-même je les ai déjà prononcées, alors que j’ai le plus grand respect pour les animaux, moi, carnivore. Ce sont ces phrases illustrant si bien que l’humain a des droits et qu’il doit être respecté, tout en se mettant au-dessus de ces animaux qu’il utilise à son gré pour exprimer son inconfort dans certaines situations.

Et pourtant. Il y a quelques jours, je suis tombée sur une vidéo probablement devenue virale depuis. Celle d’un garçon nain en pleurs à cause d’une énième journée de harcèlements. Ces insultes quotidiennes poussent l’enfant à demander un couteau à sa mère pour qu’il mette fin à ces jours.

La vidéo est touchante, mais pas dans le bon sens. Et cela n’a rien à voir avec le fait que cet enfant soit atteint de nanisme. Ce qui est touchant, choquant, écœurant, c’est que le harcèlement est devenu une norme. Pour s’intégrer à un groupe social, enfant, adolescent ou adulte, il faut presque faire preuve d’autant de cruauté que ces humains s’estimant meilleurs que des animaux.

Certains enfants/adolescents mal dans leur peau rejettent leurs complexes sur d’autres plus vulnérables. Tout est prétexte à critiquer, à se moquer. Chaque jour, les situations se répètent et se ressemblent, créant petit à petit un mal-être profond chez la personne harcelée.

Où est passée l’acceptation de l’autre ? À quel moment avons-nous oublié d’éduquer nos enfants ? Pourquoi les autorités compétentes ne prennent-elles pas de mesures drastiques ? Et la justice dans tout ça ?

Alors, effectivement, nous ne sommes pas des animaux, car, eux, valent bien mieux que la plupart d’entre nous.

vendredi 14 février 2020

Et si on parlait en 300 mots de politique ?


Je vais vous dire un paradoxal non. Parler de politique ? Pour quoi faire ? Ça sert encore à grand-chose ? Non. Comme tout le monde, je dis « non », mais je finis quand même par en parler.

Cela fait maintenant environ 1 000 ans que l’on ressent un ras-le-bol général, et pas uniquement en Belgique. Les votes de traditions et les votes de révolution-parce-qu’on-n’a-pas-vraiment-d’autre-option se font la guerre depuis bien longtemps.

Différents sujets déchirent : économie, social, écologie, immigration, taxes, pensions, ramassage des poubelles quand la ville de Mons ne fait pas grève, etc. Personne n’arrive à se mettre d’accord.

En Belgique, le peuple vote, quand il ne fait pas barbec’ en se vantant de ne pas voter. À ce propos, ne vous plaignez pas des décisions de brin alors que vous jugez plutôt nécessaire de vous toucher au lieu d’aller placer votre bulletin dans l’urne. Et ceux qui votent blanc, faites-le intelligemment : donnez vos raisons au lieu de dessiner des zizis. Quand le peuple vote, les partis ne s’accordent pas sur les coalitions. Résultat : encore une fois, le pays n’a pas de gouvernement. Des champions, quoi.

Ma proposition

On dégage tout le monde, sauf quelques personnes expérimentées dont on est sûr qu’elles n’ont pas trempé leur spéculoos dans un café douteux. On fait rentrer du sang neuf, des jeunes non-corrompus, ambitieux et sincèrement soucieux de l’avenir.

On rassemble tout : plus de partis, mais un gouvernement fédéral formé par un francophone, un néerlandophone, un germanophone. Des groupes de réflexion et d’action sont formés et rapportent au fédéral.

On établit des objectifs communs. Le peuple vote pour la priorité des objectifs, tout en restant dans le cadre imposé par les différentes instances (UE, par exemple).

C’est à travailler, mais pour moi, c’est un début de solution.


lundi 10 février 2020

The funeral

Le 31/01/2020, on a enterré ma grand-mère. Bien qu’il soit encore difficile pour moi d’en parler, et si je me renferme sur moi-même, j’ai besoin de l’écrire et d’en rire un peu. L’humour est pour moi un remède bien efficace en termes d’enterrement de sentiments. Voilà le premier jeu de mots. On est bien parti.

C’est la première fois que j’enterrais un proche. Enfin, il faudra quand même qu’on m’explique pourquoi on dit « j’enterre X ou Y ». C’est bizarre quand même. Et puis, perso, je suis pas pro en la matière. Je laisse ça aux gens qui en ont fait leur métier… ou leur passion. Bah ! Il faut de tout pour faire un monde.

Bref, c’était la première fois que j’assistais à l’enterrement d’un membre de ma famille. Mamy Gisoule. Quand on s’est rendu au funérarium le samedi d’avant, c’était dur. Elle était là, si paisible. On aurait dit qu’elle dormait. On a dû choisir le faire-part et tout le tralala. Sur le faire-part, on pouvait indiquer une phrase du défunt, comme ils l’appellent si sobrement au funérarium. Ma maman a cité Mamy Gisoule très justement : « Qu’est-ce j’en ai a fout’, ch’rai pu là ». Même partie elle nous a encore fait rire.




Le jour de l’enterrement, il y avait beaucoup de monde dans l’église. C’est fou de voir à quel point elle a touché toutes les générations. C’était réconfortant de voir l’impact qu’elle a eu sur ces nombreuses vies.

Toute la famille était là. Malgré le côté très protocolaire (les hommes d’un côté, les femmes de l’autre, les enfants au premier rang, les petits-enfants au deuxième, etc.), on sentait quelque chose de fédérateur. C’était Mamy Gisoule, encore et toujours.

Il a fallu attendre un moment avant le début de la cérémonie. C’était dur de retenir ses larmes. Comme dans ces foutus films américains, ils te passent des chansons à faire chialer un golem. Donc, c’était compliqué. Puis, t’entends tout le monde qui renifle, qui sanglote, qui s’effondre. C’est clair que niveau ambiance, on a connu mieux. Pour me remonter un peu le moral, j’imaginais Mamy Gisoule qui me disait « oh, te va po braire, m’tchiote ».

La cérémonie a commencé. Très vite, les quatre petits-enfants qui souhaitaient dire quelques mots ont été appelés sur l’estrade. J’en faisais partie. Pas fastoche, fastoche tout ça. Le tout, c’était de rester concentrée et de rationnaliser. Le truc d’imaginer tout le monde tout nu devant toi, c’était pas possible ici. Merde, on était quand même dans une église, quoi.

Après avoir lu de très jolis mots et partagé de magnifiques souvenirs, tout le monde a repris sa place. Le prêtre a enchaîné avec quelques passages de la Bible et quelques chants. Dans ce cas, toi, en tant que non-croyante, tu cherches des compagnons d’infortune qui ne font pas le signe de croix, qui ne chantent pas et qui réfléchissent à tout ce qu’ils ont encore à faire après la cérémonie. C’est pour ça que les non-croyants ont l’air si concerné dans ces moments. Grâce à Mamy Gisoule, mon frigo a été vide pendant 4 jours. Du coup, j’ai un peu fait ma liste de courses pendant les chants. Pardon.

Le prêtre a eu des mots très justes, mais je ne m’en rappelle pas vraiment. Pas du tout même, pour être honnête. Je dois avouer que j’ai comme un black-out d’environ une heure. Je sais que j’entendais ses mots et que je me suis retrouvée perdue dans mes pensées à philosopher sur ma vie, sur mes choix, mes relations.

Je me rappelle l’avoir entendu évoquer la vie sur Terre et le pardon. Je me rappelle une sensation à l’entente de ses mots. Une sensation légère. L’envie de pardonner et de passer à autre chose. C’était rassurant et réconfortant. À ce moment, j’ai compris ce que les humains croyant en un dieu ressentent. C’est peut-être bête, mais j’ai compris que c’est ce réconfort qu’ils cherchent dans le pardon et l’acceptation.

Après la cérémonie, je suis allée parler à un membre de la famille que je ne voulais obstinément pas pardonner pour des choses survenues il y a un peu moins de 10 ans déjà. J’ai eu envie d’oublier tout ça, d’accepter que des erreurs de jeunesse ne définissent pas une personne à tout jamais. En pardonnant, je me suis libérée d’un poids et d’une rancœur qui n’avaient plus lieu d’exister depuis bien longtemps. Encore une fois, Mamy Gisoule a eu cet effet fédérateur. Merci.

En arrivant au cimetière, j’ai dit à un de mes cousins qu’on avait de la chance, parce qu’il y avait déjà du monde qui attendait Mamy Gisoule. Je crois qu’il n’a pas compris la blague.

Le croque-mort nous… Non, j’aime plus ce mot. L’idée qu’il pourrait mordiller l’orteil de Mamy Gisoule pour vérifier qu’elle est bien partie m’ennuie. Et il prendrait une sérieuse engueulade s’il s’agissait d’une erreur et que Mamy Gisoule était toujours là. Disons plutôt « l’employé des pompes funèbres ».

L’employé des pompes funèbres nous a invités à nous réunir autour du cercueil et à écouter les quelques mots qu’il a imaginé prononcés par Mamy Gisoule. Ses mots étaient d’une vibrante justesse. Nous avons déposé chacun à notre tour un pétale de rose blanche sur le cercueil avant de nous diriger vers la pierre tombale magnifiquement ornée de bouquets et de couronnes de fleurs en tous genres.

Je me suis éclipsée pour pouvoir enfin me moucher. À renifler sans cesse, j’avais l’air encore plus triste que je ne l’étais déjà. Le même cousin s’est approché de moi. Je ne sais plus vraiment ce qu’il m’a dit, mais je lui ai répondu que je ne voulais pas me moucher en plein milieu des cérémonies de peur de réveiller les morts. Il a souri. Moi aussi.

On s’est ensuite dirigé vers « La Casa », endroit mythique qui a vu de belles soirées se dérouler en présence de Mamy Gisoule. On s’est échangé des banalités, on a ri, on a pleuré, on a critiqué, on a mangé, on a parlé, on s’est dit « au revoir » en sachant pertinemment qu’il s’agissait probablement de la dernière réunion de famille où tout le monde était présent, puis on s’en est allé. Tout le monde est retourné vivre sa vie à présent différente à tout jamais.

Charles Aznavour chantait « La Mama ». Kendji Girac chante ses yeux. Ces chansons font parties de celles qui ont raisonné dans l’enceinte sacrée ayant célébré ton départ vers la suite de ton voyage. La plus parlante de ces chansons restera « Prière à Zumba » de Lucienne Delyle. Cette chanson, tu la chantais à chaque réunion de famille. On l’a entendue des centaines de fois, mais comme le disait Lulu à l’église, on n’en connaissait que le refrain. Ce refrain qu’on chantait tous avec toi et qu’on n’oubliera jamais. Cette chanson, tu la chantais même mieux que Lucienne Delyle. C’est sur cette chanson que tu nous as quittés définitivement au cimetière.

Voilà, c’est dit. Écrit, plutôt. Maintenant, on avance et on continue à vivre du mieux qu’on peut.