jeudi 13 juin 2019

La B.A. du jour


La bonne action du jour me revient. Et de loin !

Récemment, j’ai réalisé un rêve de gosse : j’ai passé mon permis moto et j’ai acheté ma monture. Au-delà d’un rêve d’enfant, c’était l’un des objectifs que je m’étais jurée d’atteindre avant mes trente ans. 






Je vous épargne les détails (ceux qui me connaissent doivent en avoir ras-le-bol, et je les comprends tout à fait), mais j’ai tergiversé pendant presque un an avant de sauter le pas. Moi-même j’avais des envies de meurtre envers ma personne. Je m’excuse donc auprès de ceux qui en ont souffert de vous avoir bassiné avec mes changements d’avis, mes répétitions, mes craintes, mes hésitations, mes certitudes bancales et dézinguées en deux temps trois mouvements par les arguments de mes potes motards. Réaliser mon rêve était important, ça m’a pris du temps.

L’objectif étant atteint, j’enchaîne les kilomètres depuis presque deux semaines sans jamais être rassasiée. Morphée (c’est ma moto) et… non, il faut que je fasse une parenthèse plus grande.

DÉBUT DE PARENTHÈSE : J’ai acheté une Harley Davidson. C’était mon rêve depuis toute jeune. Alors, oui, beaucoup de gens et de motards ont des idées reçues sur les Harley Davidson, mais c’est comme ça. J’adore ces motos de légende et tout ce qui va avec.

Il existe différentes traditions, que je n’énumérerai pas puisque je suis déjà en train de m’égarer du sujet principal de mon article, dont celle de nommer sa moto. La mienne s’appelle Morphée. Je vous laisse deviner pourquoi. On fait un petit jeu. La réponse se trouve en bas de l’article. Ceux qui trouvent, félicitations, vous êtes des champions. Ce qui ne trouvent pas, ma foi, c’est pas bien grave, vous êtes quand même des champions.








FIN DE PARENTHÈSE. Je vous remercie pour votre attention. « Vous pouvez décoiffer les casques », comme dirait notre cher ami Monsieur Fauvaux, prof de prise de note à l’EII (FTI). Faut vraiment que j’arrête avec mes parenthèses à rallonge, on dirait ma mère. Mais je t’aime maman, hein ! BON ! FIN RÉELLE DE PARENTHÈSE !

Morphée et moi-même partons à l’aventure depuis presque deux semaines, donc. Ceux qui me connaissent savent que ma patience sur la route nous a quitté il y a quelques années pour rejoindre ma compassion, ma compréhension et mon empathie au pays des émotions totalement inutiles lorsqu’on est entouré des dégénérés mentaux de la E19 ou du ring de Bruxelles.

Pourtant, avec Morphée, je retrouve ces émotions. La moto me permet de renouer avec ces émotions à chaque sortie, ce qui me fait prendre beaucoup de recul et m’évite de prendre un arbre ou une vache, surtout. À moto, malgré ma jeune expérience, j’ai très vite compris qu’il faut être zen, relax et qu’il faut relativiser.

Il m’en est déjà arrivé pas mal en presque deux semaines, mais je remarque que d’instinct, je prends les choses avec beaucoup plus de légèreté. Ça ne m’empêche pas de faire remarquer à mes camarades de route (dédicace à Sophie et ses petits camarades) qu’ils font parfois des erreurs, mais je le fais avec beaucoup plus de philosophie.

Faut quand même que je vous explique la dédicace. Il se trouve que l’autre jour, j’étais au cinéma avec Sophie (une très bonne amie) et je discutais avec elle de tout et de rien. Jusqu’au moment où mon cerveau s’est dit « dis, t’aurais pas 75 ans toi en fait ? » et m’a fait demander à Sophie « et tu y vas avec tes petits camarades de classe ? ». Il faut savoir que Sophie n’a plus 4 ans et qu’elle est à l’unif. Et que j’ai surtout pas l’âge de parler comme ça. Que soit. C’était l’anecdote du jour.

Je me rends compte que je n’ai toujours pas abordé le sujet de mon article. La parenthèse dans la parenthèse dans la parenthèse. Saint milliard, on est sur un bon Inception de parenthèses ici. Va quand même falloir s’y mettre mon p’tit !

DONC ! Ce soir, je suis partie boire un verre sur la place de Mons. On passe un bon moment avec des amies, mais il se fait tard, et je décide de rentrer. Comme j’étais à moto, je ne rentre pas en ligne droite, je décide de faire quelques détours pour en profiter encore un peu.

J’arrive dans le dernier rond-point avant ma rue et là ! Une Française sauvage apparaît ! C’est toujours dans les ronds-points et c'est toujours les Français, vous allez me dire. Enfin, c’est souvent eux. Bref. Il se trouve que la Française s’arrête en plein milieu du rond-point alors que j’arrive derrière elle. Elle se met à consulter son « portablanh » (à prononcer à la dinde parisienne). Je m’arrête à sa hauteur et lui fait remarquer qu’il y a d’autres endroits pour stationner. Elle le prend mal et s’éloigne dans la direction de ma rue. 







Je m’arrête une nouvelle fois à sa hauteur, je vois qu’elle est agacée et agitée. Je m’excuse donc de lui avoir donné le sentiment que je l’agressais. Elle m’avoue être perdue parce que l’autoroute est fermée à cause des travaux et aucun panneau de déviation n’a été placé. Et vive la Belgique ! Longue vie aux travaux !

En tant que bonne motarde et belle personne que je suis, je lui ai naturellement offert mon aide. Je lui ai proposé de me suivre pour lui montrer le chemin. Elle a accepté, elle-même s’excusant de s’être arrêtée dans le rond-point et de m’avoir mise en danger.

Après un « boh, c’est pas grave, ça arrive, vous savez » qui a quand même été précédé d’un « mais elle est malade celle-là ?! Elle fait quoi ?! Mais c’est dingue, ça ! » (vous avez remarqué à quel point rien n’est grave une fois que les esprits s’apaisent et que les gens discutent ?), nous démarrons.

Bon, on va pas se leurrer, j’ai pris la bretelle d’autoroute qui était fermée et me suis perdue aussi, hein. On va pas se mentir. Mais ! Bien décidée à aider cette malheureuse, je décide de faire appel à mon sens de l’orientation totalement inexistant appelé Waze. 






Je m’arrête sur le côté, lui explique qu’on va bien trouver et qu’on est toujours mieux perdu à deux que tout seul. Elle rigole, elle s’est entre-temps rassurée. Nous sommes donc reparties. Grâce à Waze et quand même un peu de logique, j’ai amené notre âme errante sur les chemins de la liberté. Elle est passée à côté de moi, elle m’a remerciée, je lui ai fait signe et je suis rentrée chez moi, le casque érigé au rang de cimetière national de moustiques.

Si elle ne se dit pas que les motards sont sympas après ça ! Je dois dire que ça m’a fait plaisir d’aider quelqu’un, de réaliser ma bonne action. Ça faisait si longtemps que j’avais presque oublié la satisfaction pure qu’on en retire. Comme quoi, j’ai vu rouge derrière le bleu, mais finalement, j’ai bien fait de m’arrêter et de lui faire une remarque. Sans ça, elle serait peut-être toujours dans le rond-point à c’t’heure-ci, la pauvre.

Voilà, c’était la bonne action du jour. Là-dessus, je m’en vais rejoindre les bras de Morphée. C’est bon, vous l’avez ?