La bonne
action du jour me revient. Et de loin !
Récemment,
j’ai réalisé un rêve de gosse : j’ai passé mon permis moto et j’ai acheté
ma monture. Au-delà d’un rêve d’enfant, c’était l’un des objectifs que je m’étais
jurée d’atteindre avant mes trente ans.
Je vous
épargne les détails (ceux qui me connaissent doivent en avoir ras-le-bol, et je
les comprends tout à fait), mais j’ai tergiversé pendant presque un an avant de
sauter le pas. Moi-même j’avais des envies de meurtre envers ma personne. Je m’excuse
donc auprès de ceux qui en ont souffert de vous avoir bassiné avec mes changements
d’avis, mes répétitions, mes craintes, mes hésitations, mes certitudes bancales
et dézinguées en deux temps trois mouvements par les arguments de mes potes
motards. Réaliser mon rêve était important, ça m’a pris du temps.
L’objectif
étant atteint, j’enchaîne les kilomètres depuis presque deux semaines sans
jamais être rassasiée. Morphée (c’est ma moto) et… non, il faut que je fasse
une parenthèse plus grande.
DÉBUT DE
PARENTHÈSE : J’ai acheté une Harley Davidson. C’était mon rêve depuis
toute jeune. Alors, oui, beaucoup de gens et de motards ont des idées reçues
sur les Harley Davidson, mais c’est comme ça. J’adore ces motos de légende et
tout ce qui va avec.
Il existe
différentes traditions, que je n’énumérerai pas puisque je suis déjà en train
de m’égarer du sujet principal de mon article, dont celle de nommer sa moto. La
mienne s’appelle Morphée. Je vous laisse deviner pourquoi. On fait un petit
jeu. La réponse se trouve en bas de l’article. Ceux qui trouvent, félicitations,
vous êtes des champions. Ce qui ne trouvent pas, ma foi, c’est pas bien grave,
vous êtes quand même des champions.
FIN DE
PARENTHÈSE. Je vous remercie pour votre attention. « Vous pouvez décoiffer
les casques », comme dirait notre cher ami Monsieur Fauvaux, prof de prise
de note à l’EII (FTI). Faut vraiment que j’arrête avec mes parenthèses à
rallonge, on dirait ma mère. Mais je t’aime maman, hein ! BON ! FIN
RÉELLE DE PARENTHÈSE !
Morphée et
moi-même partons à l’aventure depuis presque deux semaines, donc. Ceux qui me
connaissent savent que ma patience sur la route nous a quitté il y a quelques
années pour rejoindre ma compassion, ma compréhension et mon empathie au pays
des émotions totalement inutiles lorsqu’on est entouré des dégénérés mentaux de
la E19 ou du ring de Bruxelles.
Pourtant,
avec Morphée, je retrouve ces émotions. La moto me permet de renouer avec ces
émotions à chaque sortie, ce qui me fait prendre beaucoup de recul et m’évite
de prendre un arbre ou une vache, surtout. À moto, malgré ma jeune expérience,
j’ai très vite compris qu’il faut être zen, relax et qu’il faut relativiser.
Il m’en est
déjà arrivé pas mal en presque deux semaines, mais je remarque que d’instinct, je
prends les choses avec beaucoup plus de légèreté. Ça ne m’empêche pas de faire
remarquer à mes camarades de route (dédicace à Sophie et ses petits camarades)
qu’ils font parfois des erreurs, mais je le fais avec beaucoup plus de
philosophie.
Faut quand
même que je vous explique la dédicace. Il se trouve que l’autre jour, j’étais
au cinéma avec Sophie (une très bonne amie) et je discutais avec elle de tout
et de rien. Jusqu’au moment où mon cerveau s’est dit « dis, t’aurais pas
75 ans toi en fait ? » et m’a fait demander à Sophie « et tu y vas
avec tes petits camarades de classe ? ». Il faut savoir que Sophie n’a
plus 4 ans et qu’elle est à l’unif. Et que j’ai surtout pas l’âge de parler comme
ça. Que soit. C’était l’anecdote du jour.
Je me rends
compte que je n’ai toujours pas abordé le sujet de mon article. La
parenthèse dans la parenthèse dans la parenthèse. Saint milliard, on est sur un
bon Inception de parenthèses ici. Va quand même falloir s’y mettre mon p’tit !
DONC !
Ce soir, je suis partie boire un verre sur la place de Mons. On passe un bon
moment avec des amies, mais il se fait tard, et je décide de rentrer. Comme j’étais à moto, je ne
rentre pas en ligne droite, je décide de faire quelques détours pour en
profiter encore un peu.
J’arrive
dans le dernier rond-point avant ma rue et là ! Une Française sauvage
apparaît ! C’est toujours dans les ronds-points et c'est toujours les Français, vous allez me dire. Enfin, c’est
souvent eux. Bref. Il se trouve que la Française s’arrête en plein milieu du
rond-point alors que j’arrive derrière elle. Elle se met à consulter son « portablanh »
(à prononcer à la dinde parisienne). Je m’arrête à sa hauteur et lui fait
remarquer qu’il y a d’autres endroits pour stationner. Elle le prend mal et s’éloigne
dans la direction de ma rue.
Je m’arrête
une nouvelle fois à sa hauteur, je vois qu’elle est agacée et agitée. Je m’excuse
donc de lui avoir donné le sentiment que je l’agressais. Elle m’avoue être
perdue parce que l’autoroute est fermée à cause des travaux et aucun panneau
de déviation n’a été placé. Et vive la Belgique ! Longue vie aux travaux !
En tant que
bonne motarde et belle personne que je suis, je lui ai naturellement offert mon
aide. Je lui ai proposé de me suivre pour lui montrer le chemin. Elle a
accepté, elle-même s’excusant de s’être arrêtée dans le rond-point et de m’avoir
mise en danger.
Après un « boh,
c’est pas grave, ça arrive, vous savez » qui a quand même été précédé d’un
« mais elle est malade celle-là ?! Elle fait quoi ?! Mais c’est
dingue, ça ! » (vous avez remarqué à quel point rien n’est grave une
fois que les esprits s’apaisent et que les gens discutent ?), nous
démarrons.
Bon, on va
pas se leurrer, j’ai pris la bretelle d’autoroute qui était fermée et me suis
perdue aussi, hein. On va pas se mentir. Mais ! Bien décidée à aider cette
malheureuse, je décide de faire appel à mon sens de l’orientation totalement
inexistant appelé Waze.
Je m’arrête
sur le côté, lui explique qu’on va bien trouver et qu’on est toujours mieux
perdu à deux que tout seul. Elle rigole, elle s’est entre-temps rassurée. Nous
sommes donc reparties. Grâce à Waze et quand même un peu de logique, j’ai amené
notre âme errante sur les chemins de la liberté. Elle est passée à côté de moi,
elle m’a remerciée, je lui ai fait signe et je suis rentrée chez moi, le casque
érigé au rang de cimetière national de moustiques.
Si elle ne
se dit pas que les motards sont sympas après ça ! Je dois dire que ça m’a
fait plaisir d’aider quelqu’un, de réaliser ma bonne action. Ça faisait si
longtemps que j’avais presque oublié la satisfaction pure qu’on en retire.
Comme quoi, j’ai vu rouge derrière le bleu, mais finalement, j’ai bien fait de
m’arrêter et de lui faire une remarque. Sans ça, elle serait peut-être toujours
dans le rond-point à c’t’heure-ci, la pauvre.
Voilà, c’était
la bonne action du jour. Là-dessus, je m’en vais rejoindre les bras de Morphée.
C’est bon, vous l’avez ?