dimanche 13 novembre 2011

Le tri-mestriel

- La poubelle est le meilleur des accessoires de rangement -
Frédéric Dard

La semaine passée, ma mère a décidé de ranger le grenier. Il faut savoir que l’on ne pouvait plus ouvrir la porte sans la cogner dans des caisses, boîtes, trucs bizarres qui semblaient ne même pas nous appartenir. Bref, la pièce foutoir où 10 ans de bordel s’étaient accumulés.

Lundi 31 octobre 2011, ma chère maman me demande de l’aider avec une formule en français qui traduit une autre langue. La langue maternelle. Je vous propose un exemple qui vous aidera à comprendre mon propos. Ma génitrice me dit : « Sarah, tu voudras bien me donner un coup de main pour le grenier ? ». Traduisez plutôt : « Sarah, vu que t’as rien à faire, tu me donneras un coup de main. Et si ça ne te va pas, pas de dessert ». Pas eu le choix, en somme.

Nous voilà donc embarquées, ma mère, ma grand-mère et moi-même dans le vide-grenier. Oui, chez nous, le rangement, c’est une affaire de famille. Tout le monde y met du sien, on range, on bouge, on déplace, on remet en place, on jette. NON ! On jette pas.

Il faut savoir que chaque être humain est constitué différemment. Ce qui nous donne un beau mélange de matérialistes, de conservateurs, de je-m’en-foutistes, etc. Moi, avant, j’étais plutôt conservatrice. Donc, même un des ananas de ma pizza Hawaï qui avait une certaine valeur sentimentale pouvait être conservé bien soigneusement dans une boîte (oui, dans une boîte. Faut pas déconner, je suis pas un mec non plus). Puis, un jour, je me suis dit que ça ne servait à rien et que je pouvais jeter tout ce qui n’était pas si important. Du coup, j’ai gagné de la place et j’ai l’impression que ma chambre est plus grande.

J’ai dû hériter ça de ma mère puisqu’elle aussi était conservatrice. Enfin, elle l’est toujours. Ce qui fait qu’une pièce aussi petite que mon grenier ressemblait à la fin à la caverne d’Ali Baba. Il y avait de tout. Et surtout de rien. Et un jour, ma petite mamounette chérie en a eu marre de tout ce fatras et a décidé de tout ranger. Avec mon aide, bien sûr. Mais vous savez bien ce que c’est. À vous aussi, un jour, il vous a pris le vertigo d’aller ranger une pièce de votre maison. Et vous aussi, vous avez retrouvé votre chat (dois-je vraiment préciser dans quel état ?) au fond d’une caisse. Ne le niez pas.

Nous avons donc entamé la mission rangement le lundi 31 octobre 2011 et nous l’avons finie le lendemain (je sais, vu comme je l’ai présenté, on aurait dit que ça avait duré 3 mois. Mais non, juste 2 jours). Le plus dur n’était pas de vider, mais bien de ranger. Vider, c’est pas l’étape la plus ardue de la mission, vu qu’il ne faut pas trier. Le rangement, par contre, un vrai parcours du combattant. Oui, du con battant aussi, dans ce cas-ci.

Je vous l’ai dit, ma mère est conservatrice. Donc, en tant que maniaque du rangement que je suis, j’ai dû imposer des règles à ma mère (rappelez-vous, je vous avais dit que je rangeais tout par ordre alphabétique, si c’est à plat, c’est par taille, etc. … Je ne vous l’avais pas dit ? Ah…). Bref, je lui ai imposé des règles : cassé, on jette. Pas cassé, on garde. Plus besoin et pas cassé, on vend à la brocante. (D’ailleurs, profitez-en si vous avez des affaires encore en bon état dont vous n’avez plus besoin, elles pourraient vous rapporter pas mal d’argent).

Cependant, comme tout le monde le sait, les conservateurs ont du mal à se séparer de la vis du meuble Ikea qui ne sert à rien (la vis, pas le meuble. Le meuble Ikea sert toujours à quelque chose). Malgré les règles, ma mère n’a pas pu s’empêcher de répondre à ma question « tu le gardes ? » par un lancinant « on ne sait jamais ». Par exemple, on ne sait jamais que la calculette cassée fonctionne à nouveau. On ne sait jamais que les piles plates se remettent à faire fonctionner la radio cassée. On ne sait jamais que de l’encre réapparaisse dans le bic vide. On ne sait jamais que le ticket de garantie dépassée depuis 3 ans serve encore. À ce train-là, on arrête de ranger le grenier, on ne sait jamais qu’il se range tout seul.

Je me suis donc battue contre l’autorité parentale pour pouvoir vider le grenier et faire le bonheur d’autrui en vendant les affaires qui ne nous étaient plus utiles à la brocante. Et pour me faire un peu de sous aussi. J’en ai besoin vu que ma mère m’a privée d’argent de poche depuis que je lui ai fait jeter éventail chinois reçu au resto chinois.
Bref, vous voyez, ranger c’est plutôt facile. Mais ranger en famille, ça l’est moins.
Chouk@