jeudi 8 novembre 2012

Le choc des générations


Aujourd’hui, pendant un débat sur l’attitude de la nouvelle génération, une amie m’a dit que je ressentais ce que l’on appelle communément un coup de vieux. Non, elle m’a plutôt dit que je prenais de plus en plus de coup de vieux en voyant chaque jour des choses que je ne comprenais pas. Je n’ai que 22 ans et pourtant, elle a raison. 

Depuis quelques temps maintenant, je remarque les différences qu’il y a entre « ma génération » et la « nouvelle génération ». Cinq ans seulement nous séparent. Cinq ans. Pourtant, ce ne sont pas réellement des différences que je remarque, mais bien la présence d’un gouffre qui ne fait que s’élargir. 

De manière générale, nos grands-parents et nos parents critiquaient sans cesse notre comportement, notre manière de penser, nos sales manies, notre manque de communication, etc. Même si « notre manque de communication » est un euphémisme comparé à ce qui s’opère doucement mais sûrement dans le comportement de la « nouvelle génération », nous communiquions de moins en moins. Si, si. Nous avions découvert Internet, les walkmans, les jeux vidéo ainsi que les premiers GSM (dont l’invincible Nokia 3310) qui allaient devenir de plus en plus sophistiqués afin de nous permettre une plus grande connectivité. 

De plus en plus, les appareils futuristes faisaient leur apparition sur le marché. Les ordinateurs portables, les mp3 dont le terme générique généralement accepté est iPod (admettons-le, Steve did the job), les GSM-GPS-ordinateur-agenda-transformer ultra-perfectionnés ont envahi notre quotidien et BOUM !, me voilà à peine âgée de cinq printemps de plus, en train de jeter mes vieilles VHS et je me sens déjà dépassée. Bon, je n’irai pas jusqu’à dire que je n’y comprends rien et que la technologie, c’est caca, loin de là. Mais je remarque que ce qui nous a permis de nous rapprocher, tous peuples confondus, finit par nous éloigner.

En effet, cela fait déjà quelques années que nous cherchons à pouvoir communiquer sans limites, mais, à trop vouloir communiquer avec tout le monde, on finit par ne communiquer qu’avec une machine. CleverBot, essayez, vous verrez que j’ai raison. Soit. Plusieurs fois, en soirée (n.f. Réunion qui a lieu le soir, généralement après le dîner… ah, si Robert le dit…), j’ai remarqué des groupes de jeunes assis autour d’une table, incapables de lâcher leur précieux appareil. Il leur était littéralement impossible de ne pas vérifier leur compte Facebook, Twitter, Femme Actuelle, CarTunning, etc. Éteindre leur GSM pendant une séance de cinéma ? Mission impossible. Aller sur le trône sans iPhone ? Mission impossible 2. Attendre la fin d’une discussion pour regarder le message qu’ils viennent de recevoir ? Mission impossible 3. Ne pas expliquer dans la seconde sur les réseaux sociaux ce qui vient de leur arriver ? Mission impossible 4. Bon, après, je n’ai plus d’exemples concrets, et puis, il n’y a eu que quatre films. 

En fin de compte, à trop vouloir nous rapprocher, tout nous dire sans nous voir, tout savoir sans rien écouter, nous nous sommes perdus. L’hyper-connectivité que nous avons créée de nos propres mains - enfin, avec l’aide de quelques génies, ne les oublions pas tout de même - a fini par faire de nous des robots. Par là, j’entends que nous effectuons nos rituels avec minutie, comme une chorégraphie parfaitement orchestrée : nous nous levons, nous regardons notre GSM ; nous déjeunons, nous regardons Facebook ; nous nous lavons, nous regardons Twitter ; nous nous habillons, nous regardons une dernière fois notre GSM avant de prendre la route (parce que téléphoner au volant est interdit, paraît-il). Nous sommes sans cesse connectés au monde entier et sommes détachés de la vie réelle.

Toutefois, c’est un fait qui s’avère plus prononcé dans la « nouvelle génération ». Mais, après y avoir réfléchi, je me suis dit que l’on ne pouvait pas leur jeter la pierre. Ces jeunes sont nés avec l’apparition des nouvelles technologies, ils ont grandit en apprenant à les utiliser et ils vieilliront certainement en faisant les même remarques à leurs enfants que celles que nous leur faisons maintenant. 

Nous pouvons encore plus ou moins contrôler notre envie de « communiquer », car nous avons grandi dans des circonstances différentes. Nous avons appris à nous contenter de ce que nous avions, tout en nous adaptant aux multiples innovations. C’est pourquoi nous ne pouvons que constater ce phénomène grandissant d’hyper-connectivité. En tout cas, moi, je ne peux que le constater, sans rien pouvoir y changer. Tout ce qu’il me reste à faire, c’est observer l’ampleur de l’impact qu’ont les avancées technologiques sur notre comportement et m’adapter. 

L’adaptation. Est-ce là le seul moyen de nous sentir encore « in » ? Pourquoi pas. Rien n’interdit d’écouter Édith Piaf sur un iPod. Comme rien n’interdit d’écouter Sexion d’Assaut sur un 45 tour. Je retire ce que j’ai dit, ça devrait être interdit… tout court. 

Quoiqu’il en soit, l’adaptation est un mot-clé, et vous ne pouvez pas le nier, sinon, vous ne seriez pas en train de lire cet article. 

Chouk@