Aujourd’hui,
j’ai pris congé. J’avais en effet prévu quelques choses à faire. L’une d’entre-elles
était de rentrer la voiture au garage pour un « diagnostic complet ».
L’avantage de l’électronique dans une voiture, c’est que dès que l’air de l’habitacle
sent le pet, elle te demande d’aller au garage.
J’ai pris
rendez-vous le 30/11/2018. Le garagiste m’avait alors informée que le
diagnostic pouvait durer de dix minutes à deux heures maximum, en fonction du
problème. Je planifie donc ma journée en conséquence.
J’avais
ainsi prévu d’aller au garage, de me rendre à l’hôpital pour voir mon père (une
opération légère, no stress), d’aller à la poste pour enlever l’un des cadeaux
de Noël, d’aller acheter mes trois derniers cadeaux de Noël, d’aller au resto
avec les collègues et de profiter du marché de Noël de Bruxelles dans la
foulée. Tout ça, dans la joie que me procurait le premier de mes cinq jours de
repos.
Ce matin,
le réveil sonne à 7h00. Je me lève, bouscule le chat, il ne se réveille pas,
comme d’habitude. Je me prépare et file attaquer cette journée.
J’arrive au
garage à 7h59 précises, soit une minute avant l’heure de rendez-vous. Top, on
est bon niveau timing. Le garage n’est pas loin de la maison en même temps, 2,2 km
précisément. Ce détail a son importance pour la suite de l’histoire.
Le
garagiste m’accueille. Je lui rappelle la raison de ma venue, il prend ma clé
et lit les différentes notifications. Il me dit qu’il la prend tout de suite
pour le diagnostic. « Merci docteur » ai-je eu envie de lui dire
avant qu’il ne coupe mon élan enjoué avec un « vous pourrez venir la
rechercher vers 16h ». Ceux qui me connaissent sont probablement en train
d’imaginer mon visage très expressif changer d’expression aussi vite que le
gouvernement démissionne. Et ils ont bien raison.
Je balbutie
un peu en étouffant un rire un tantinet nerveux : « ah, c’est
ennuyeux. » Le garagiste me répond : « vous comptiez attendre ? »
Ce à quoi je lui rétorque que j’avais en effet prévu un livre pour les deux heures
maximales initialement communiquées. Il fait la grimace et me demande : « vous
deviez l’avoir plus tôt peut-être ? » Je lui indique que mon père
est à l’hôpital et que j’aurais naturellement aimé récupérer la voiture plus
tôt pour pouvoir aller le voir et suivre le planning de ma journée. Il grimace
encore et me dit qu’il est désolé. Il note « 12h » sur le papier et m’assure
qu’il va faire de son mieux pour que la voiture soit prête pour 12h, tout en m’indiquant
que la reprogrammation dure déjà au moins quatre heures.
À ce
moment, je sais très bien que ma journée de congé bien planifiée, je peux me la
mettre où je pense.
Je décide
donc de retourner à la maison. Juste avant de partir, je reviens sur mes pas et
prends le parapluie qui était dans la voiture. Que serait une journée comme
celle qui s’annonce sans un vent à décorner les cocus et un crachin glaçant
tombant incessamment, n’est-ce pas ? Je me rends compte que les conditions
climatiques ne sont pas idéales ni propices à ma survie (ou du moins à la conservation
minimale de ma santé) et décide de prendre un taxi.
J’appelle
la compagnie qui arrive dans les dix minutes. Chic. Le conducteur est sympa, et
on discute le temps de parcourir les 2,2 km qui me séparent de mon repère. Je me
rends compte que je n’ai bien évidemment pas assez de liquide pour une course
aller-retour (il fallait aussi que je reprenne le taxi pour retourner au
garage). Le conducteur me suggère très justement de m’arrêter à la station
essence à côté de chez moi pour prendre mon petit-déjeuner et retirer quelques
euros en plus. Je m’exécute et finis par regagner mes quartiers.
Entre-temps,
j’avais appelé la madre pour l’avertir du changement de plan. Elle allait donc
me tenir au courant des événements à l’hôpital.
Je suis
donc à la maison et n’ai strictement rien à faire. Oui, quand vous prévoyez
toute une organisation sur la journée et que cette organisation s’effondre dès le
début, vous n’avez pas envie de rester chez vous à fainéanter. Mais j’ai dû me
résigner à l’idée que mon avant-midi était perdu. Pas grave, je me dépêcherai
dans l’après-midi.
Je vous ai
déjà parlé de mon karma ? Pour faire court, c’est un vrai trou du cul. J’ai
un Karma De Merde (KDM, le titre de l’article. Vous l’avez ?).
Il est 12h, soit 16h14 heure locale, lorsque le garagiste me prévient que je peux venir chercher la voiture. Le
garage fermant à 17h, il faut que je me hâte.
Passablement
énervée par les heures d’attentes préalables, je téléphone à la compagnie de
taxis en leur demandant de faire le trajet inverse de ce matin. Après plus de
40 secondes de sonnerie, on décroche. À ma requête de déplacement, je reçois la
réponse la plus claire qu’on m’ait jamais donnée : « Ah ben j’en
ai po. Ah nan, po avant 30 minutes hein, au moins. » J’abandonne donc
cette compagnie et lance une recherche sur Google. Je téléphone à une deuxième
compagnie qui ne décroche pas. Tout cela en ayant creusé une tranchée dans mon
appartement grâce à mes pas bien alourdis par la nervosité, œuf corse.
Je décide
donc d’appeler un particulier. Je me présente (je m’appelle Henri) et énonce la
raison de mon appel. Une dame me répond que c’est un mauvais numéro. Je lui
assure qu’elle est pourtant référencée comme taxi sur Google. Étonnée de prime
abord, elle m’annonce après quelques secondes de réflexion qu’il s’agit en fait
de son compagnon qui est un Uber. C’est vrai que ce genre de détail peut
échapper à quelqu’un qui doit recevoir ce genre d’appel des dizaines de fois
par jour. Je raccroche en lui souhaitant tout de même une bonne journée.
Voyant les
minutes défiler à toute vitesse, je décide d’appeler le garage pour leur dire
que je ne saurai peut-être pas arriver avant la fermeture. Étant donné qu’après
8 minutes d’attente, je commençais à me sentir persona non grata, j’enfile
bottines, manteau et écharpe, et, armée de mon parapluie, décide de braver
la tempête à pied.
Remontée
comme un coucou dézingué, je rappelle le garage tout en marchant d’un pas de
guerrière dans le vent froid de cette première journée hivernale. Après 7
minutes d’attente supplémentaires, j’ai abandonné et ai plutôt appelé Cécile, ma meilleure pote.
Je lui ai raconté les péripéties de la journée. J’ai sué, tremblé, reniflé,
crié, juré. Elle a bien ri.
Je suis arrivée
au garage après avoir parcouru ces fameux 2,2 km. Je me plante devant la porte
automatique qui ne s’ouvre pas. Les trois hommes installés derrière le comptoir
me miment de concert d’ouvrir la porte à la force de mains en glissant mes
doigts entre les caoutchoucs (je suis bonne pour deviner les mimes). À ce
moment précis, mon cerveau me crie : « MAIS ILS SE FOUTENT DE MA
GUEULE ?! ». Eh beh non. Je m’exécute donc et entre dans la pièce.
Le
garagiste prend la feuille du diagnostic et me dit que tout a été vérifié. Je
le regarde d’un air désabusé et agacé et le coupe sèchement : « et je
suppose que tout est en ordre et qu’il n’y a pas de problème ? » Il
me répond dans l’affirmative et m’indique qu’il s’agissait probablement d’un
bug informatique.
[Fun fact : j’ai récemment téléchargé une
application de fun facts (et on ne juge pas, s’il vous plaît). J’ai pu y lire
que le « bug informatique » a été nommé de la sorte parce qu’un
jour, un insect – traduit par « bug » en anglais – s’est
glissé dans les circuits d’un ordinateur, causant un dysfonctionnement. Depuis
lors, on parle d’un « bug informatique » lorsqu’un ordinateur ou tout
autre appareil électronique ne fonctionne pas bien.]
Il me rend
la clé. Avant de partir, je lui signifie que j’ai appelé le garage et suis
restée en attente pendant 15 minutes sans jamais avoir de réponse. Il me
demande le numéro que j’ai appelé. Je lui affirme que j’ai utilisé le numéro
avec lequel il m’avait contactée. Il ne s’explique pas l’absence de réponse.
Il me dit
de revenir si jamais il y a quoi que ce soit avec la voiture. Je lui ai donc
rétorqué en me retournant : « après la journée que je viens de
passer, non merci. Au revoir (https://www.youtube.com/watch?v=0obJfkU9xB4). »
Me voilà
donc en train d’écrire ces lignes en me disant que ça ira forcément mieux
demain. Je ferai tout ce que je voulais faire aujourd'hui demain. Enfin...