mardi 24 décembre 2019

La lueur d'espoir



Cette fin d’année, ou plus précisément ce dernier mois, a été plus difficile pour moi. Gardez-vous toutefois bien de penser que je suis à plaindre, alors que je sais pertinemment que d’autres sont dans de bien plus malheureuses situations. Ceci dit, la perception des problèmes, du mauvais karma, du manque de pot, elle, est propre à chacun.

Ce qui m’amène à réfléchir à une conversation que j’ai eue avec une bonne amie hier. Nous étions sur le marché de Noël de Charleroi. Bon, que les choses soient claires, j’ai été forcée : une autre bonne amie revenait de loin, et on se réunissait justement pour célébrer son retour. Une voiture brûlée et un type bourré relou et ingrat plus tard, je discutais avec cette amie du fait que tout le monde est vite débordé et, par extension, vite au bout de sa vie, croulant sous ses problèmes de Sodastream qui ne gaze plus rien. Attention, je m’inclus dans cet amalgame, naturellement.

Pour illustrer mon propos, rien de tel qu’un exemple de « problème » plus qu’anodin qui m’a mise en PLS, sans crier gare.

Durant ce mois de décembre 2019, j’ai connu des misères s’enchaînant à l’instar des oncles bourrés qui dansent la chenille au mariage de ton cousin Olivier et de sa femme Marie que tout le monde déteste. Je me suis retrouvée dans une situation totalement inconnue, qui a fait naître un sentiment d’insécurité et de manque de contrôle, une peur viscérale, un stress innommable. J’avoue, j’ai pas vraiment « gégé » depuis trois semaines. Même en essayant de rester positive, il y avait toujours un truc, aussi minime soit-il, qui foutait mon moral en l’air.

Après trois semaines de galères, voilà : la cerise sur le gâteau, le pompon sur la Garonne, la tache de sauce tomate sur mon pull blanc, le clou de mon cercueil.

J’ai fait l’acquisition d’écouteurs sans fils pour des raisons pratiques. Samedi, il était 23h30 quand je suis partie de chez des amis que je visitais (TG, me juge pas, j’ai 30 ans dans 4 jours), et la musique qui passe à la radio à partir de 22h, clairement, c’est de la merde (TG, me juge pas, j’ai 30 ans dans 4 jours). Je décide donc d’écouter Spotify via mes écouteurs (la voiture dont j’ai récemment fait l’acquisition n’a hélas pas de dent bleue – TG, me juge pas, j’ai 30 ans dans 4 jours).

(Petit point sécurité : les écouteurs au volant, c’est mal. C’est pour ça que je ne mets pas le son très fort. Petit point adulte responsable : attention, je ne mets pas le volume trop fort pour éviter de devenir encore plus sourde avant l’âge.)

En arrivant à la maison, j’enlève mes écouteurs. Et là… Bardaf, c’est l’embardée. Munie de mes deux mains gauches composées chacune de 12 doigts, je fais tomber l’écouteur droit. Au vu de mon état émotionnel des trois dernières semaines, j’avais déjà envie de m’effondrer en larmes et de mettre fin à mes jours avec l’écouteur gauche. J’ai vite repris mes esprits et me suis mise à la recherche de cet écouteur. Écouteur noir, dans une voiture au sol noir, dans le noir. Après 25 min de recherches infructueuses, je suis rentrée chez moi en râlant comme un pou sur un crâne chauve.

Quelques épisodes de séries en tous genres plus tard, je me lève et décide d’aller me coucher, résignée de devoir rejoindre le pays des rêves sur un échec lamentable.

Il est presque 3h du matin lorsqu’un éclair de génie s’abat sur moi tel la foudre divine.  « Eurekâ ! », pensai-je, le visage soudainement illuminé par cette idée fabuleuse. « Les écouteurs sont reliés par la dent bleue ! Je n’ai qu’à pousser le volume à fond et suivre la musique émanant de l’écouteur perdu ! »

Ni une ni deux, je me lève (et bouscule le chat, qui ne se réveille pas, comme d’habitude), enfile gracieusement un pantalon et un sweat, les veuch électrisés comme jamais, passe une écharpe autour de mon cou et fonce vers la voiture. En tongs. Ça, je viens de m’en rappeler.

La dégaine d’une voleuse expérimentée m’assurant une virée nocturne en toute sécurité, j’entame de nouvelles recherches, pleine de courage, de force et de volonté. Dix minutes après, je rentrais me coucher frustrée de nouvelles recherches stériles. « ‘Y a rien qui vaaaaaa, j’en ai maaaarre, c’est toujours pAreiiiil, pour une fois que ça allait mieuuuux, putaiiiiin, c’est toujours pour ma gueuuule… »

Le lendemain, ma marraine me rend visite. On passe l’après-midi ensemble, je lui explique mes petits tracas du quotidien [rire de dinde qui se retient de chialer en souriant bêtement]. Elle me dit que je suis comme son fils et que j’ai regardé avec tout, sauf mes yeux. Je lui assure que j’ai passé 35 minutes dans cette bagnole (où j’ai déchiré la poche arrière gauche de mon jeans, mais ça, je ne l’ai naturellement vu que lundi), sans rien trouver.

Nous nous dirigeons vers ma voiture, nous penchons des deux côtés. Ma marraine me demande un bref descriptif de l’écouteur, me demande de pousser le siège passager (que j’ai poussé 17 fois la veille) plonge la main en dessous du siège et me tend l’écouteur. Ma tête à ce moment-là :


Cet écouteur, au-delà de l’épreuve physique et mentale herculéenne que sa perte momentanée a engendrée, représente une lueur d’espoir. Je sais que ce n’est pas toujours évident et qu’il est plus facile de se morfondre dans sa propre misère, mais il faut positiver. C’est la seule manière de continuer et de ne pas déchirer bêtement son pantalon. Choyez votre écouteur, car il est plus important que vous le pensez.

Je vous souhaite de merveilleuses fêtes de fin d’année entourés de vos amis ou de votre famille. Chérissez ces moments magiques en oubliant tout le reste. Il n’y a que ça qui compte.

J’ai encore adopté un chat


J’ai mis du temps à écrire cet article, parce que je me rends compte que mon deuxième chat est arrivé à la maison en juillet 2017. Cela fait déjà deux ans. Qu’est-ce qui m’a pris ? Je me le demande encore maintenant quand je vois les deux abrutis foutre le boxon chez moi. Mais que voulez-vous, j’ai un cœur d’artichaut.

Le deuxième chat s’appelle Pim’s. Tout comme Scotch, il vient du refuge de l’Arche de Noé à Maisières. Je n’ai pas choisi son nom non plus et je n’ai pas voulu le changer pour pouvoir raconter son histoire à tous ceux qui me demande pourquoi j’ai choisi ce nom-là.
Pim’s était déjà au refuge quand j’ai accueilli Scotch. Il n’y est pas resté trop longtemps. Une jeune fille l’a en effet adopté pour avoir de la compagnie dans son kot. Le problème est que Pim’s était « sauvage », « agressif » et il « hurlait ». Cette jeune fille a donc décidé de le ramener au refuge. Pim’s a ensuite intégré une famille d’accueil en attendant une adoption définitive.

Pendant deux ans après l’adoption de Scotch, j’ai continué à consulter le site du refuge en espérant que les matous que j’avais rencontrés et déjà vus sur le site aient entre-temps été adoptés. Quelques-uns avaient heureusement trouvé leur nouvelle famille, d’autres malheureusement pas encore. Pim’s faisait partie de ceux qui n’avaient pas encore rencontré leur destin.

Sans lire sa description, je voyais sa photo à chaque visite. Curieuse, j’ai décidé de creuser un peu. Là, mon cœur d’artichaut s’est brisé. Je me suis dit que c’était horrible d’adopter un animal et ensuite de le ramener sans lui laisser une chance de s’adapter. Ayant vécu l’expérience avec Scotch, c’était pour moi totalement inadmissible.

J’ai donc hésité pendant environ huit mois. Et puis je me suis dit que j’allais demander des informations. Puis je me suis dit que si je demandais des informations, j’allais probablement craquer. Donc, j’ai craqué. J’ai pris contact avec le refuge pour adopter Pim’s.

C’est là que j’ai appris qu’il était en famille d’accueil. J’ai donc envoyé un message à la famille d’accueil dans l’espoir d’adopter ce petit chat d’un an et demi à l’époque. La famille m’a dit que Pim’s était très peureux, qu’il mangeait des petits poissons fumés, qu’il ne fallait pas laisser traîner de plastique traîner, qu’il « hurlait » parfois, etc.  

Sincèrement, je me suis dit : « merde, qu’est-ce que tu fous ? C’est quoi ce dingue ? Et Scotch ? Réfléchis bien quand même ! » Après quelques secondes de panique totale, j’ai inspiré, expiré plusieurs fois. J’ai confirmé le rendez-vous à la famille d’accueil. Pim’s est arrivé chez moi le 20/07/2017. Tout comme Scotch, il a changé ma vie.

C’était laborieux, au départ. Il a fallu plusieurs mois avant que je puisse le toucher, avant qu’il me fasse confiance, avant qu’il s’adapte complètement. Petit à petit, il a appris à se laisser approcher. Il imite carrément Scotch, c’est fou. Après un certain temps, chaque semaine apportait son lot de petites victoires.

Aujourd’hui, Pim’s vient sur mes genoux et réclame des caresses en me miaulant dessus. On parle d’ailleurs souvent de politique. Et de croquettes. Ouais, priorités, quoi. Pas plus tard que la semaine dernière, il a commencé à manger ses bonbons en les prenant de ma main. Chaque jour, je découvre Pim’s un peu plus.

Ça fait bateau, mais c’est tellement vrai : ils me rendent 1 000 000 de fois ce que je leur donne. Si je peux vous donner un conseil, c’est d’adopter en refuge dans la mesure du possible. Armez-vous de patience, ça ne va pas toujours être facile. Mais qu’est-ce que c’est gratifiant ! La relation qu’on développe avec ces animaux est formidable et dépasse toutes les attentes qu’on peut avoir.  

Pour rien au monde je ne reviendrais sur mes décisions d’adopter les deux dingos. Ces deux décisions-là sont de loin les meilleures que j’ai jamais prises.


J’ai changé de travail


J’ai toujours été très professionnelle et rigoureuse dans l’exécution de chacune des tâches que l’on m’a confiées. Il était primordial pour moi de continuer à fournir une excellence sans reproche tous les jours. Mais je commençais à sentir que je ne mettais plus de cœur à l’ouvrage.

Je m’étais jurée que si un jour, j’allais au travail avec des pieds de plomb et que je m’ennuyais, je changerais de job. Pour moi, c’est la combinaison de ces deux éléments qui devait me faire changer de travail, rien d’autre.

La routine, la disparition des défis à relever, le manque de motivation en découlant et la distance ont eu raison de ma volonté et ont formé ces conditions sine qua non. En juillet 2019, j’ai donc remis ma démission. Ça a l’air très simple comme ça, mais en réalité, ça ne l’était pas.

J’ai mis longtemps avant de me décider. Je devais sauter le pas, mais cela a été très difficile. Je quittais mon premier emploi, mes premiers collègues à qui j’étais fort attachée.

J’ai commencé à travailler le lundi 04/11/2013. C’était mon tout premier emploi en tant qu’adulte. C’est celui qui m’a permis de voir de quoi j’étais capable. Il m’a testée, mise au défi. J’ai rencontré des collègues extraordinaires, d’autres que je préfèrerais oublier et d’autres encore qui ne font déjà plus partie de mes souvenirs.

J’ai évolué au sein de mon équipe et suis devenue coach après trois ans, pendant trois ans. Ces trois dernières années ont été déterminantes pour moi. Elles m’ont permis d’apprendre énormément sur moi-même, mes capacités de gestion, ma réactivé et ma proactivité, mais aussi sur les contacts humains et la façon d’aborder certains sujets en fonction de mon interlocuteur.

Le coaching m’a permis de devenir un caméléon, sans pour autant mentir ou prétendre être autre chose que vraie. Ma personnalité a évolué, ma façon de voir les choses et d’interagir avec mon environnement a changé. J’ai appris à laisser tomber les causes perdues et à me battre pour celles qui en valent la peine. J’ai appris à économiser mon temps et mon énergie et à les utiliser à bon escient.

J’ai quitté cette fabuleuse première expérience le 27/09/2019. J’ai tourné la dernière page de ce premier chapitre palpitant, non sans avoir le cœur gros et les yeux humides.

J’ai dit « au revoir » à de merveilleux collègues et à un premier travail qui m’a lancée dans le monde professionnel. J’ai tellement grandi durant ces six années.

Je poste cet article trois mois après l’avoir écrit. Entre-temps, j’ai découvert mon nouveau job, mes nouveaux collègues, mes nouvelles habitudes. Ça, ce sera pour un autre article. On va pas tout déballer maintenant, un peu de mystère, pardi !


mercredi 17 juillet 2019

Oh le vil faquin !


Situation

Je suis à moto sur une route à deux bandes, je roule sur la bande de droite à 90 km/h, soit la vitesse maximale autorisée.

En face, une file interminable de voitures coincées derrières trois moissonneuses-batteuses les obligeant à rouler à même pas 50 km/h.

Entre deux voitures bloquées, un paysan sauvage apparaît dans sa camionnette rouge de type véhicule utilitaire. Il s’insère dans le trafic, et moi, j’utilise le freinage d’urgence assidument répété pendant les heures de moto-école et déjà appliqué en situation réelle. Accessoirement, je fais un petit pipi dans ma culotte.

Tout en freinant pour passer de 90 km/h à 24 km/h exactement en l’espace de 3 secondes, je klaxonne ardemment sur ledit paysan. Il s’écarte sur le côté droit pour éviter la collision. Tout en passant devant lui, je lui fais un geste connu dans le monde entier, celui qui signifie « NON MAIS T’ES MALADE OU QUOI ?! ». Rien d’obscène, donc.

ET LÀ… bardaf, c’est l’embardée.

Réaction

Nous appellerons le paysan Tyron. Il faut avouer, objectivement, qu’il avait quand même une bonne tête de champion, celle du baraki de kermesse fini à la pisse entre deux carapils une nuit d’été durant laquelle ses malheureux parents ont décidé d’investir dans de l’alcool plutôt que dans des moyens de contraception. Nous appellerons le paysan également « vil faquin », parce que j’aime bien cette insulte.

Tyron sentant ses deux neurones l’abandonner, décide d’un coup d’accélérer et de me coller. Il se déporte cette fois-ci vers la gauche, me dépasse et vient s’intercaler devant moi en me faisant des gestes que je ne parviens pas à déchiffrer. À mon tour de lui refaire le geste « MAIS T’ES FOU, MA PAROLE ?! ». Là, il freine et me signifie de m’arrêter sur le bas-côté, lui-même s’y étant déjà installé.

Je ne m’exécute naturellement pas et repasse devant lui en réitérant le geste « MAIS T’AS DES FILS QUI S’TOUCHENT, TOI ! ». Je me reconcentre sur la route puisqu’on ralentit avant l’arrivée au feu tricolore. Tyron se sent cette fois pousser des testicules et décide de se mettre à nouveau sur le bas-côté en me dépassant par la droite et en empruntant la piste cyclable, œuf corse.

Bien décidée à lui foutre un coup de boule dans ses chicots probablement jaunis, je m’arrête. Voici notre discussion posée, réfléchie et méga-constructive :

  • Vil faquin : « Keskia toi ? »
  • Moi : « T’es pas bien ou quoi ? Tu t’insères dans le trafic sans regarder, t’aurais pu me tuer ! Tu viens ensuite me coller avant le feu rouge, si je freine, tu me rentres dedans et tu m’écrases ! »
  • Paysan de tes morts : « Ta vu la vitesse ouske tu roule ? »


[Oui, parce que Tyron a un radar mobile à la place des yeux]

  • Moi : « Fieu, je roule à 90 km/h ! Et peu importe la vitesse, que ce soit 50 km/h, 90 km/h ou 150 km/h, t’as pas à faire ça ! »
  • Vieille bouse : « Oé, t’a moto ses facile, tu roule trot vite. Tu veut appelé la police ? »
  • Moi : « T’es con où tu le fais exprès ? Tu deviens un danger de mort quand tu fais des conneries pareilles ! Tu veux qu’on appelle la police, aucun problème, fieu ! »


[Je fais mine de prendre mon téléphone et le vil faquin décide de repasser la première et de redémarrer doucement]

  • Moi : « Quoi, tu veux plus appeler la police ? Tu veux pas les faire constater que t’es fini à la pisse ? »
  • Coureur de rampart : « Oé, apprent a roulé dja. »


[ATTENTION, ALERTE AUX CLICHÉS]

  • Pignouf mal-léché : « D’fasson, les motard roule trot vite. Et puit, tes une meuf, les motos ses pas pour les femmes. »
  • Moi : « Putain, tu vis dans quel siècle, toi ? Achète-toi une trottinette, ça t’évitera de faire de la merde ! »
  • Coquefredouille : « Oé, ses bien, fo pas roulé si on ses pas. Ta bien dla chanse que tes une femme. »
  • Moi : « Pourquoi ? Tu veux sortir de ta poubelle ? Allez, sort. »
  • Raclure de bidet : « Oé, tu va faire kwa ? »
  • Moi : « Sors, on verra »
  • Coprolithe : « Oé, sé sa, oé »
  • Moi : « Tu sais quoi, tu fais le malin, mais t’es juste profondément débile. T’as envie de passer devant tout le monde, eh beh casse-toi. Tire-toi pauvre débile. »


[Voyant qu’il n’est plus décidé à bouger, je l’invite une dernière fois cordialement à se remettre en route]

  • Moi : « Allez, bouge, maintenant, espèce de baraki ! »
  • Mufle dégénéré : « Oé ses sa, vieille gouine. »


Voilà notre discussion élaborée. Quelques secondes plus tard, le vil faquin s’est retrouvé bloqué derrière une voiture qui roulait en-deçà de la limitation à 90 km/h. Je me suis donc empressée de le dépasser fissa, fissa, tout en lui montrant un autre geste mondialement connu et utilisé : (musique divine, s’il vous plaît) le doigt d’honneur des famiiiiiiiiilles

Conclusion

Ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Sur une note un peu plus sérieuse, si j’ai une chose à vous demander, c’est la suivante : faites attention aux motards.

Ne pensez pas que vous avez le temps de vous insérer dans le trafic ; que le/la motard/e vous évitera, c’est facile sur un deux-roues ; que de toute façon, ils n’ont qu’à rouler moins vite ; que ce sont tous des cons qui veulent aller vite ; qu’ils se tueront bien eux-mêmes, c’est pas en les embêtant un peu qu’il se passera quoi que ce soit.

En roulant à la même vitesse, nous arrivons plus vite. Le freinage est la dernière option pour nous et ne nous garantit pas un arrêt sans encombres. Nous risquons de glisser en freinant, de chuter et de nous faire rouler dessus.

Nous ne voulons pas tous rouler vite, mais nous vous dépasserons, même si vous ne nous laissez pas passer. Nous voulons en effet profiter des beaux virages que nous offrent nos régions. Ceci n’est pas possible quand vous êtes devant nous.

Nous voulons rouler en toute sécurité. Ne nous collez pas parce que vous êtes pressés ou parce que vous ne nous aimez pas. C’est l’un des comportements les plus dangereux que vous pourriez adopter. Il va d’ailleurs de pair avec celui qui vous pousse à vous mettre devant nous et à freiner abusivement.

Nous ne sommes pas tous pareils sur nos motos. Ne faites pas d’amalgame et laissez-nous profiter de nos balades. Nous avons trop de plaisir à rouler pour que vous nous le gâchiez, vous les automobilistes inconscients et frustrés. Il n’est pas non plus nécessaire de tenter de raccourcir nos balades et nos vies en voulant, l’espace d’un court instant, jouer au matador avec nous.

Sachez une chose : si un motard vous râle dessus, ce n’est pas pour le plaisir. C’est qu’il y forcément quelque chose que vous avez fait qui était complètement stupide ou qui lui a fait peur. Attention, je suis bien consciente que l’erreur est humaine. Dans ce cas, on s’excuse et tout va bien.

La dose d’adrénaline est puissante et les petits moments de stress sont nombreux à moto. Nous voyons beaucoup plus les comportements dangereux, car nous sommes en alerte de la première à la dernière seconde de notre balade. Si vous estimez ne rien avoir fait de mal, mais que le motard s’énerve, pensez au fait que vous lui avez probablement fait faire un petit caca dans son slip, d’une manière ou d’une autre, et que sa réaction est souvent une réaction de peur.

Ne vous emportez pas, ne nous gênez pas pour le plaisir. Nous comprenons aussi votre frustration, vous qui êtes coincés derrière le volant. Nous vous dirons d’ailleurs merci dans la mesure du possible lorsque vous nous ferez une fleur.

Respectons-nous mutuellement. Nos journées n’en seront que plus belles ! Merci de penser à nous !

PS : Rappelez-vous aussi qu’un rétro, ça casse vite.
PS 2 : Un casque dans le nez ou dans les dents, comme dirait le petit Christophe Maé, ça fait mal.


jeudi 13 juin 2019

La B.A. du jour


La bonne action du jour me revient. Et de loin !

Récemment, j’ai réalisé un rêve de gosse : j’ai passé mon permis moto et j’ai acheté ma monture. Au-delà d’un rêve d’enfant, c’était l’un des objectifs que je m’étais jurée d’atteindre avant mes trente ans. 






Je vous épargne les détails (ceux qui me connaissent doivent en avoir ras-le-bol, et je les comprends tout à fait), mais j’ai tergiversé pendant presque un an avant de sauter le pas. Moi-même j’avais des envies de meurtre envers ma personne. Je m’excuse donc auprès de ceux qui en ont souffert de vous avoir bassiné avec mes changements d’avis, mes répétitions, mes craintes, mes hésitations, mes certitudes bancales et dézinguées en deux temps trois mouvements par les arguments de mes potes motards. Réaliser mon rêve était important, ça m’a pris du temps.

L’objectif étant atteint, j’enchaîne les kilomètres depuis presque deux semaines sans jamais être rassasiée. Morphée (c’est ma moto) et… non, il faut que je fasse une parenthèse plus grande.

DÉBUT DE PARENTHÈSE : J’ai acheté une Harley Davidson. C’était mon rêve depuis toute jeune. Alors, oui, beaucoup de gens et de motards ont des idées reçues sur les Harley Davidson, mais c’est comme ça. J’adore ces motos de légende et tout ce qui va avec.

Il existe différentes traditions, que je n’énumérerai pas puisque je suis déjà en train de m’égarer du sujet principal de mon article, dont celle de nommer sa moto. La mienne s’appelle Morphée. Je vous laisse deviner pourquoi. On fait un petit jeu. La réponse se trouve en bas de l’article. Ceux qui trouvent, félicitations, vous êtes des champions. Ce qui ne trouvent pas, ma foi, c’est pas bien grave, vous êtes quand même des champions.








FIN DE PARENTHÈSE. Je vous remercie pour votre attention. « Vous pouvez décoiffer les casques », comme dirait notre cher ami Monsieur Fauvaux, prof de prise de note à l’EII (FTI). Faut vraiment que j’arrête avec mes parenthèses à rallonge, on dirait ma mère. Mais je t’aime maman, hein ! BON ! FIN RÉELLE DE PARENTHÈSE !

Morphée et moi-même partons à l’aventure depuis presque deux semaines, donc. Ceux qui me connaissent savent que ma patience sur la route nous a quitté il y a quelques années pour rejoindre ma compassion, ma compréhension et mon empathie au pays des émotions totalement inutiles lorsqu’on est entouré des dégénérés mentaux de la E19 ou du ring de Bruxelles.

Pourtant, avec Morphée, je retrouve ces émotions. La moto me permet de renouer avec ces émotions à chaque sortie, ce qui me fait prendre beaucoup de recul et m’évite de prendre un arbre ou une vache, surtout. À moto, malgré ma jeune expérience, j’ai très vite compris qu’il faut être zen, relax et qu’il faut relativiser.

Il m’en est déjà arrivé pas mal en presque deux semaines, mais je remarque que d’instinct, je prends les choses avec beaucoup plus de légèreté. Ça ne m’empêche pas de faire remarquer à mes camarades de route (dédicace à Sophie et ses petits camarades) qu’ils font parfois des erreurs, mais je le fais avec beaucoup plus de philosophie.

Faut quand même que je vous explique la dédicace. Il se trouve que l’autre jour, j’étais au cinéma avec Sophie (une très bonne amie) et je discutais avec elle de tout et de rien. Jusqu’au moment où mon cerveau s’est dit « dis, t’aurais pas 75 ans toi en fait ? » et m’a fait demander à Sophie « et tu y vas avec tes petits camarades de classe ? ». Il faut savoir que Sophie n’a plus 4 ans et qu’elle est à l’unif. Et que j’ai surtout pas l’âge de parler comme ça. Que soit. C’était l’anecdote du jour.

Je me rends compte que je n’ai toujours pas abordé le sujet de mon article. La parenthèse dans la parenthèse dans la parenthèse. Saint milliard, on est sur un bon Inception de parenthèses ici. Va quand même falloir s’y mettre mon p’tit !

DONC ! Ce soir, je suis partie boire un verre sur la place de Mons. On passe un bon moment avec des amies, mais il se fait tard, et je décide de rentrer. Comme j’étais à moto, je ne rentre pas en ligne droite, je décide de faire quelques détours pour en profiter encore un peu.

J’arrive dans le dernier rond-point avant ma rue et là ! Une Française sauvage apparaît ! C’est toujours dans les ronds-points et c'est toujours les Français, vous allez me dire. Enfin, c’est souvent eux. Bref. Il se trouve que la Française s’arrête en plein milieu du rond-point alors que j’arrive derrière elle. Elle se met à consulter son « portablanh » (à prononcer à la dinde parisienne). Je m’arrête à sa hauteur et lui fait remarquer qu’il y a d’autres endroits pour stationner. Elle le prend mal et s’éloigne dans la direction de ma rue. 







Je m’arrête une nouvelle fois à sa hauteur, je vois qu’elle est agacée et agitée. Je m’excuse donc de lui avoir donné le sentiment que je l’agressais. Elle m’avoue être perdue parce que l’autoroute est fermée à cause des travaux et aucun panneau de déviation n’a été placé. Et vive la Belgique ! Longue vie aux travaux !

En tant que bonne motarde et belle personne que je suis, je lui ai naturellement offert mon aide. Je lui ai proposé de me suivre pour lui montrer le chemin. Elle a accepté, elle-même s’excusant de s’être arrêtée dans le rond-point et de m’avoir mise en danger.

Après un « boh, c’est pas grave, ça arrive, vous savez » qui a quand même été précédé d’un « mais elle est malade celle-là ?! Elle fait quoi ?! Mais c’est dingue, ça ! » (vous avez remarqué à quel point rien n’est grave une fois que les esprits s’apaisent et que les gens discutent ?), nous démarrons.

Bon, on va pas se leurrer, j’ai pris la bretelle d’autoroute qui était fermée et me suis perdue aussi, hein. On va pas se mentir. Mais ! Bien décidée à aider cette malheureuse, je décide de faire appel à mon sens de l’orientation totalement inexistant appelé Waze. 






Je m’arrête sur le côté, lui explique qu’on va bien trouver et qu’on est toujours mieux perdu à deux que tout seul. Elle rigole, elle s’est entre-temps rassurée. Nous sommes donc reparties. Grâce à Waze et quand même un peu de logique, j’ai amené notre âme errante sur les chemins de la liberté. Elle est passée à côté de moi, elle m’a remerciée, je lui ai fait signe et je suis rentrée chez moi, le casque érigé au rang de cimetière national de moustiques.

Si elle ne se dit pas que les motards sont sympas après ça ! Je dois dire que ça m’a fait plaisir d’aider quelqu’un, de réaliser ma bonne action. Ça faisait si longtemps que j’avais presque oublié la satisfaction pure qu’on en retire. Comme quoi, j’ai vu rouge derrière le bleu, mais finalement, j’ai bien fait de m’arrêter et de lui faire une remarque. Sans ça, elle serait peut-être toujours dans le rond-point à c’t’heure-ci, la pauvre.

Voilà, c’était la bonne action du jour. Là-dessus, je m’en vais rejoindre les bras de Morphée. C’est bon, vous l’avez ?