Cette fin d’année, ou plus
précisément ce dernier mois, a été plus difficile pour moi. Gardez-vous
toutefois bien de penser que je suis à plaindre, alors que je sais pertinemment
que d’autres sont dans de bien plus malheureuses situations. Ceci dit, la
perception des problèmes, du mauvais karma, du manque de pot, elle, est propre
à chacun.
Ce qui m’amène à réfléchir à une
conversation que j’ai eue avec une bonne amie hier. Nous étions sur le marché
de Noël de Charleroi. Bon, que les choses soient claires, j’ai été forcée :
une autre bonne amie revenait de loin, et on se réunissait justement pour
célébrer son retour. Une voiture brûlée et un type bourré relou et ingrat plus
tard, je discutais avec cette amie du fait que tout le monde est vite débordé
et, par extension, vite au bout de sa vie, croulant sous ses problèmes de
Sodastream qui ne gaze plus rien. Attention, je m’inclus dans cet amalgame,
naturellement.
Pour illustrer mon propos, rien
de tel qu’un exemple de « problème » plus qu’anodin qui m’a mise en
PLS, sans crier gare.
Durant ce mois de décembre 2019,
j’ai connu des misères s’enchaînant à l’instar des oncles bourrés qui dansent
la chenille au mariage de ton cousin Olivier et de sa femme Marie que tout le
monde déteste. Je me suis retrouvée dans une situation totalement inconnue, qui
a fait naître un sentiment d’insécurité et de manque de contrôle, une peur
viscérale, un stress innommable. J’avoue, j’ai pas vraiment « gégé »
depuis trois semaines. Même en essayant de rester positive, il y avait toujours
un truc, aussi minime soit-il, qui foutait mon moral en l’air.
Après trois semaines de galères,
voilà : la cerise sur le gâteau, le pompon sur la Garonne, la tache de
sauce tomate sur mon pull blanc, le clou de mon cercueil.
J’ai fait l’acquisition
d’écouteurs sans fils pour des raisons pratiques. Samedi, il était 23h30 quand
je suis partie de chez des amis que je visitais (TG, me juge pas, j’ai 30 ans
dans 4 jours), et la musique qui passe à la radio à partir de 22h, clairement,
c’est de la merde (TG, me juge pas, j’ai 30 ans dans 4 jours). Je décide donc
d’écouter Spotify via mes écouteurs (la voiture dont j’ai récemment fait
l’acquisition n’a hélas pas de dent bleue – TG, me juge pas, j’ai 30 ans dans 4
jours).
(Petit point sécurité : les
écouteurs au volant, c’est mal. C’est pour ça que je ne mets pas le son très
fort. Petit point adulte responsable : attention, je ne mets pas le volume
trop fort pour éviter de devenir encore plus sourde avant l’âge.)
En arrivant à la maison, j’enlève
mes écouteurs. Et là… Bardaf, c’est l’embardée. Munie de mes deux mains gauches
composées chacune de 12 doigts, je fais tomber l’écouteur droit. Au vu de mon
état émotionnel des trois dernières semaines, j’avais déjà envie de m’effondrer
en larmes et de mettre fin à mes jours avec l’écouteur gauche. J’ai vite repris
mes esprits et me suis mise à la recherche de cet écouteur. Écouteur noir, dans
une voiture au sol noir, dans le noir. Après 25 min de recherches
infructueuses, je suis rentrée chez moi en râlant comme un pou sur un crâne
chauve.
Quelques épisodes de séries en
tous genres plus tard, je me lève et décide d’aller me coucher, résignée de
devoir rejoindre le pays des rêves sur un échec lamentable.
Il est presque 3h du matin
lorsqu’un éclair de génie s’abat sur moi tel la foudre divine. « Eurekâ ! », pensai-je, le
visage soudainement illuminé par cette idée fabuleuse. « Les écouteurs
sont reliés par la dent bleue ! Je n’ai qu’à pousser le volume à fond et
suivre la musique émanant de l’écouteur perdu ! »
Ni une ni deux, je me lève (et
bouscule le chat, qui ne se réveille pas, comme d’habitude), enfile
gracieusement un pantalon et un sweat, les veuch électrisés comme jamais, passe
une écharpe autour de mon cou et fonce vers la voiture. En tongs. Ça, je viens
de m’en rappeler.
La dégaine d’une voleuse
expérimentée m’assurant une virée nocturne en toute sécurité, j’entame de
nouvelles recherches, pleine de courage, de force et de volonté. Dix minutes
après, je rentrais me coucher frustrée de nouvelles recherches stériles.
« ‘Y a rien qui vaaaaaa, j’en ai maaaarre, c’est toujours pAreiiiil, pour
une fois que ça allait mieuuuux,
putaiiiiin, c’est
toujours pour ma gueuuule… »
Le lendemain, ma marraine me rend
visite. On passe l’après-midi ensemble, je lui explique mes petits tracas du
quotidien [rire de dinde qui se retient de chialer en souriant bêtement]. Elle
me dit que je suis comme son fils et que j’ai regardé avec tout, sauf mes yeux.
Je lui assure que j’ai passé 35 minutes dans cette bagnole (où j’ai déchiré la
poche arrière gauche de mon jeans, mais ça, je ne l’ai naturellement vu que
lundi), sans rien trouver.
Nous nous dirigeons vers ma
voiture, nous penchons des deux côtés. Ma marraine me demande un bref
descriptif de l’écouteur, me demande de pousser le siège passager (que j’ai
poussé 17 fois la veille) plonge la main en dessous du siège et me tend
l’écouteur. Ma tête à ce moment-là :
Cet écouteur, au-delà de l’épreuve physique et mentale
herculéenne que sa perte momentanée a engendrée, représente une lueur d’espoir.
Je sais que ce n’est pas toujours évident et qu’il est plus facile de se
morfondre dans sa propre misère, mais il faut positiver. C’est la seule manière
de continuer et de ne pas déchirer bêtement son pantalon. Choyez votre
écouteur, car il est plus important que vous le pensez.
Je vous souhaite de merveilleuses fêtes de fin d’année
entourés de vos amis ou de votre famille. Chérissez ces moments magiques en
oubliant tout le reste. Il n’y a que ça qui compte.