mardi 24 décembre 2019

La lueur d'espoir



Cette fin d’année, ou plus précisément ce dernier mois, a été plus difficile pour moi. Gardez-vous toutefois bien de penser que je suis à plaindre, alors que je sais pertinemment que d’autres sont dans de bien plus malheureuses situations. Ceci dit, la perception des problèmes, du mauvais karma, du manque de pot, elle, est propre à chacun.

Ce qui m’amène à réfléchir à une conversation que j’ai eue avec une bonne amie hier. Nous étions sur le marché de Noël de Charleroi. Bon, que les choses soient claires, j’ai été forcée : une autre bonne amie revenait de loin, et on se réunissait justement pour célébrer son retour. Une voiture brûlée et un type bourré relou et ingrat plus tard, je discutais avec cette amie du fait que tout le monde est vite débordé et, par extension, vite au bout de sa vie, croulant sous ses problèmes de Sodastream qui ne gaze plus rien. Attention, je m’inclus dans cet amalgame, naturellement.

Pour illustrer mon propos, rien de tel qu’un exemple de « problème » plus qu’anodin qui m’a mise en PLS, sans crier gare.

Durant ce mois de décembre 2019, j’ai connu des misères s’enchaînant à l’instar des oncles bourrés qui dansent la chenille au mariage de ton cousin Olivier et de sa femme Marie que tout le monde déteste. Je me suis retrouvée dans une situation totalement inconnue, qui a fait naître un sentiment d’insécurité et de manque de contrôle, une peur viscérale, un stress innommable. J’avoue, j’ai pas vraiment « gégé » depuis trois semaines. Même en essayant de rester positive, il y avait toujours un truc, aussi minime soit-il, qui foutait mon moral en l’air.

Après trois semaines de galères, voilà : la cerise sur le gâteau, le pompon sur la Garonne, la tache de sauce tomate sur mon pull blanc, le clou de mon cercueil.

J’ai fait l’acquisition d’écouteurs sans fils pour des raisons pratiques. Samedi, il était 23h30 quand je suis partie de chez des amis que je visitais (TG, me juge pas, j’ai 30 ans dans 4 jours), et la musique qui passe à la radio à partir de 22h, clairement, c’est de la merde (TG, me juge pas, j’ai 30 ans dans 4 jours). Je décide donc d’écouter Spotify via mes écouteurs (la voiture dont j’ai récemment fait l’acquisition n’a hélas pas de dent bleue – TG, me juge pas, j’ai 30 ans dans 4 jours).

(Petit point sécurité : les écouteurs au volant, c’est mal. C’est pour ça que je ne mets pas le son très fort. Petit point adulte responsable : attention, je ne mets pas le volume trop fort pour éviter de devenir encore plus sourde avant l’âge.)

En arrivant à la maison, j’enlève mes écouteurs. Et là… Bardaf, c’est l’embardée. Munie de mes deux mains gauches composées chacune de 12 doigts, je fais tomber l’écouteur droit. Au vu de mon état émotionnel des trois dernières semaines, j’avais déjà envie de m’effondrer en larmes et de mettre fin à mes jours avec l’écouteur gauche. J’ai vite repris mes esprits et me suis mise à la recherche de cet écouteur. Écouteur noir, dans une voiture au sol noir, dans le noir. Après 25 min de recherches infructueuses, je suis rentrée chez moi en râlant comme un pou sur un crâne chauve.

Quelques épisodes de séries en tous genres plus tard, je me lève et décide d’aller me coucher, résignée de devoir rejoindre le pays des rêves sur un échec lamentable.

Il est presque 3h du matin lorsqu’un éclair de génie s’abat sur moi tel la foudre divine.  « Eurekâ ! », pensai-je, le visage soudainement illuminé par cette idée fabuleuse. « Les écouteurs sont reliés par la dent bleue ! Je n’ai qu’à pousser le volume à fond et suivre la musique émanant de l’écouteur perdu ! »

Ni une ni deux, je me lève (et bouscule le chat, qui ne se réveille pas, comme d’habitude), enfile gracieusement un pantalon et un sweat, les veuch électrisés comme jamais, passe une écharpe autour de mon cou et fonce vers la voiture. En tongs. Ça, je viens de m’en rappeler.

La dégaine d’une voleuse expérimentée m’assurant une virée nocturne en toute sécurité, j’entame de nouvelles recherches, pleine de courage, de force et de volonté. Dix minutes après, je rentrais me coucher frustrée de nouvelles recherches stériles. « ‘Y a rien qui vaaaaaa, j’en ai maaaarre, c’est toujours pAreiiiil, pour une fois que ça allait mieuuuux, putaiiiiin, c’est toujours pour ma gueuuule… »

Le lendemain, ma marraine me rend visite. On passe l’après-midi ensemble, je lui explique mes petits tracas du quotidien [rire de dinde qui se retient de chialer en souriant bêtement]. Elle me dit que je suis comme son fils et que j’ai regardé avec tout, sauf mes yeux. Je lui assure que j’ai passé 35 minutes dans cette bagnole (où j’ai déchiré la poche arrière gauche de mon jeans, mais ça, je ne l’ai naturellement vu que lundi), sans rien trouver.

Nous nous dirigeons vers ma voiture, nous penchons des deux côtés. Ma marraine me demande un bref descriptif de l’écouteur, me demande de pousser le siège passager (que j’ai poussé 17 fois la veille) plonge la main en dessous du siège et me tend l’écouteur. Ma tête à ce moment-là :


Cet écouteur, au-delà de l’épreuve physique et mentale herculéenne que sa perte momentanée a engendrée, représente une lueur d’espoir. Je sais que ce n’est pas toujours évident et qu’il est plus facile de se morfondre dans sa propre misère, mais il faut positiver. C’est la seule manière de continuer et de ne pas déchirer bêtement son pantalon. Choyez votre écouteur, car il est plus important que vous le pensez.

Je vous souhaite de merveilleuses fêtes de fin d’année entourés de vos amis ou de votre famille. Chérissez ces moments magiques en oubliant tout le reste. Il n’y a que ça qui compte.

J’ai encore adopté un chat


J’ai mis du temps à écrire cet article, parce que je me rends compte que mon deuxième chat est arrivé à la maison en juillet 2017. Cela fait déjà deux ans. Qu’est-ce qui m’a pris ? Je me le demande encore maintenant quand je vois les deux abrutis foutre le boxon chez moi. Mais que voulez-vous, j’ai un cœur d’artichaut.

Le deuxième chat s’appelle Pim’s. Tout comme Scotch, il vient du refuge de l’Arche de Noé à Maisières. Je n’ai pas choisi son nom non plus et je n’ai pas voulu le changer pour pouvoir raconter son histoire à tous ceux qui me demande pourquoi j’ai choisi ce nom-là.
Pim’s était déjà au refuge quand j’ai accueilli Scotch. Il n’y est pas resté trop longtemps. Une jeune fille l’a en effet adopté pour avoir de la compagnie dans son kot. Le problème est que Pim’s était « sauvage », « agressif » et il « hurlait ». Cette jeune fille a donc décidé de le ramener au refuge. Pim’s a ensuite intégré une famille d’accueil en attendant une adoption définitive.

Pendant deux ans après l’adoption de Scotch, j’ai continué à consulter le site du refuge en espérant que les matous que j’avais rencontrés et déjà vus sur le site aient entre-temps été adoptés. Quelques-uns avaient heureusement trouvé leur nouvelle famille, d’autres malheureusement pas encore. Pim’s faisait partie de ceux qui n’avaient pas encore rencontré leur destin.

Sans lire sa description, je voyais sa photo à chaque visite. Curieuse, j’ai décidé de creuser un peu. Là, mon cœur d’artichaut s’est brisé. Je me suis dit que c’était horrible d’adopter un animal et ensuite de le ramener sans lui laisser une chance de s’adapter. Ayant vécu l’expérience avec Scotch, c’était pour moi totalement inadmissible.

J’ai donc hésité pendant environ huit mois. Et puis je me suis dit que j’allais demander des informations. Puis je me suis dit que si je demandais des informations, j’allais probablement craquer. Donc, j’ai craqué. J’ai pris contact avec le refuge pour adopter Pim’s.

C’est là que j’ai appris qu’il était en famille d’accueil. J’ai donc envoyé un message à la famille d’accueil dans l’espoir d’adopter ce petit chat d’un an et demi à l’époque. La famille m’a dit que Pim’s était très peureux, qu’il mangeait des petits poissons fumés, qu’il ne fallait pas laisser traîner de plastique traîner, qu’il « hurlait » parfois, etc.  

Sincèrement, je me suis dit : « merde, qu’est-ce que tu fous ? C’est quoi ce dingue ? Et Scotch ? Réfléchis bien quand même ! » Après quelques secondes de panique totale, j’ai inspiré, expiré plusieurs fois. J’ai confirmé le rendez-vous à la famille d’accueil. Pim’s est arrivé chez moi le 20/07/2017. Tout comme Scotch, il a changé ma vie.

C’était laborieux, au départ. Il a fallu plusieurs mois avant que je puisse le toucher, avant qu’il me fasse confiance, avant qu’il s’adapte complètement. Petit à petit, il a appris à se laisser approcher. Il imite carrément Scotch, c’est fou. Après un certain temps, chaque semaine apportait son lot de petites victoires.

Aujourd’hui, Pim’s vient sur mes genoux et réclame des caresses en me miaulant dessus. On parle d’ailleurs souvent de politique. Et de croquettes. Ouais, priorités, quoi. Pas plus tard que la semaine dernière, il a commencé à manger ses bonbons en les prenant de ma main. Chaque jour, je découvre Pim’s un peu plus.

Ça fait bateau, mais c’est tellement vrai : ils me rendent 1 000 000 de fois ce que je leur donne. Si je peux vous donner un conseil, c’est d’adopter en refuge dans la mesure du possible. Armez-vous de patience, ça ne va pas toujours être facile. Mais qu’est-ce que c’est gratifiant ! La relation qu’on développe avec ces animaux est formidable et dépasse toutes les attentes qu’on peut avoir.  

Pour rien au monde je ne reviendrais sur mes décisions d’adopter les deux dingos. Ces deux décisions-là sont de loin les meilleures que j’ai jamais prises.


J’ai changé de travail


J’ai toujours été très professionnelle et rigoureuse dans l’exécution de chacune des tâches que l’on m’a confiées. Il était primordial pour moi de continuer à fournir une excellence sans reproche tous les jours. Mais je commençais à sentir que je ne mettais plus de cœur à l’ouvrage.

Je m’étais jurée que si un jour, j’allais au travail avec des pieds de plomb et que je m’ennuyais, je changerais de job. Pour moi, c’est la combinaison de ces deux éléments qui devait me faire changer de travail, rien d’autre.

La routine, la disparition des défis à relever, le manque de motivation en découlant et la distance ont eu raison de ma volonté et ont formé ces conditions sine qua non. En juillet 2019, j’ai donc remis ma démission. Ça a l’air très simple comme ça, mais en réalité, ça ne l’était pas.

J’ai mis longtemps avant de me décider. Je devais sauter le pas, mais cela a été très difficile. Je quittais mon premier emploi, mes premiers collègues à qui j’étais fort attachée.

J’ai commencé à travailler le lundi 04/11/2013. C’était mon tout premier emploi en tant qu’adulte. C’est celui qui m’a permis de voir de quoi j’étais capable. Il m’a testée, mise au défi. J’ai rencontré des collègues extraordinaires, d’autres que je préfèrerais oublier et d’autres encore qui ne font déjà plus partie de mes souvenirs.

J’ai évolué au sein de mon équipe et suis devenue coach après trois ans, pendant trois ans. Ces trois dernières années ont été déterminantes pour moi. Elles m’ont permis d’apprendre énormément sur moi-même, mes capacités de gestion, ma réactivé et ma proactivité, mais aussi sur les contacts humains et la façon d’aborder certains sujets en fonction de mon interlocuteur.

Le coaching m’a permis de devenir un caméléon, sans pour autant mentir ou prétendre être autre chose que vraie. Ma personnalité a évolué, ma façon de voir les choses et d’interagir avec mon environnement a changé. J’ai appris à laisser tomber les causes perdues et à me battre pour celles qui en valent la peine. J’ai appris à économiser mon temps et mon énergie et à les utiliser à bon escient.

J’ai quitté cette fabuleuse première expérience le 27/09/2019. J’ai tourné la dernière page de ce premier chapitre palpitant, non sans avoir le cœur gros et les yeux humides.

J’ai dit « au revoir » à de merveilleux collègues et à un premier travail qui m’a lancée dans le monde professionnel. J’ai tellement grandi durant ces six années.

Je poste cet article trois mois après l’avoir écrit. Entre-temps, j’ai découvert mon nouveau job, mes nouveaux collègues, mes nouvelles habitudes. Ça, ce sera pour un autre article. On va pas tout déballer maintenant, un peu de mystère, pardi !