Mardi
10/07/2018, 20h00.
La tension
est à sa comble. La marée rouge est en place devant les écrans géants aux
quatre coins du royaume, prête à en découdre avec le voisin et ennemi juré. Ce
coq en pâte va se faire bouffer à toutes les sauces, mais surtout à la mayo,
parce que la mayo, ‘y a qu’ça d’vrai.
La
Brabançonne retentit. Les gorges se dénouent, les cordes vocales chauffent. Le
chant motive les troupes et résonne tel un cor de guerre faisant trembler les
derniers remparts dressés devant les guerriers prêts au combat. Manau ne l’aurait
pas mieux dit.
Le premier
coup de sifflet se fait entendre. L’armée se met en marche.
Petit à
petit, les corps se tendent, les muscles se raidissent, les sourcils se
froncent, les mains se crispent devant des lèvres pincées à la manière de
fidèles priant pour un miracle. Les frayeurs sont passagères, mais intenses.
Elles laissent déjà des gouttes perler sur les fronts brulant d’impatience.
20h45. Le
mercure redescend doucement. Les corps et les esprits ont besoin de se reposer
pendant ces quelques minutes de répit. On regagne des forces et on repart au
combat.
21h08. Le
couperet tombe et étête l’armée rouge, tel une guillotine sifflant durant sa
lourde chute. La désillusion est totale. Les visages se crispent de douleur
et d’incompréhension. L’ennemi qui s’était immiscé dans nos rangs reçoit des
litres de houblon lancés avec ardeur et entend la frustration criée avec toute
l’énergie et la véhémence d’un peuple uni dans la douleur.
La tension
monte encore d’un cran. Les nerfs sont prêts à lâcher. La colère monte telle la
lave d’un volcan prêt à cracher ses boyaux incandescents. Le dégoût et la
déception s’installent en lieu et place de la rage de vaincre et de la joie.
Les yeux s’embuent au fur et à mesure que les minutes défilent. Les mains sont
à présent placées sur les visages emplis de désillusion et d’amertume.
21h51.
C’est fini. L’armada noire-jaune-rouge, un genou à terre, a rendu les armes. Le
verdict est tombé : nous avons perdu. Les traits sont tirés, enragés,
parfois soulagés. Certains relativisent et sont heureux. D’autres ne
comprennent pas et ne peuvent retenir leurs sanglots.
Moi, je suis
fière. Nous avons, le temps de quelques poignées de minutes, vécu à l’unisson
les moments les plus intenses jamais connus. Je suis fière de notre parcours.
Je suis fière de nos Diables. Je suis fière de notre Belgique. Je nous aime
putain !