On en parle du scandale de
Marianne ?
Pour resituer, Marianne a proposé
un sondage à ses lecteurs sur la tenue vestimentaire tolérée des écolières.
Attention, on ne parle pas des écoliers en général (contraction
masculin/féminin), non, non, mais bien des écolières en particulier.
Et pourquoi ? Pourquoi se
sent-on à un moment donné forcé de créer et de soumettre ce genre de
sondages ? Pourquoi se concentrer sur la femme une nouvelle fois ?
Mais que dis-je, non, on ne parle pas encore de femme, on parle de jeune fille
voire d’enfant. Pourquoi ne ressentir aucune honte ou gêne lorsqu’on travaille
à ce genre de « projets » ? Pourquoi aucun questionnement,
aucune remise en question ?
Je me demande toujours à l’heure
actuelle l’intérêt réel de créer ce genre de sondage, d’une part, mais surtout
de créer un sondage concentré sur la gente féminine en se gardant bien
d’inclure le sexe opposé d’autre part.
Bien loin l’idée de Marianne de
créer la polémique, selon les dires de ses représentants, le sondage avait pour
seul but de connaître l’opinion générale des Français. Cette France qui se perd
de plus en plus dans son identité et ses principes, à l’instar du reste du
globe (les platistes, je vous emmerde).
Quand je regarde nos vies en
adoptant un angle de vue plus global, plus reculé, je ne vois que critiques,
jugements et sexismes.
La femme est au centre de toutes
les attentions depuis la nuit des temps. Après tout, c’est bien elle, créée à
partir de l’homme et pour l’homme, qui a commis l’irréversible en croquant
cette pomme, devenant ainsi objet de vice et de désir.
Depuis le commencement, elle
incarne à son insu et bien malgré elle un ensemble de paradoxes naissant de l’hubris
masculin :
- Elle doit être belle, mais ne pas s’exhiber
- Elle doit se montrer, mais pas se faire remarquer
- Elle doit être là pour son homme, mais ne pas traîner dans ses pieds
- Elle doit être une mère, mais doit rester une femme pour son homme
- Elle doit rester une femme pour son homme, mais ne pas oublier son rôle de mère
- Elle doit travailler, mais ne pas gagner autant qu’un homme
- Elle doit viser haut, mais doit se rabaisser pour le faire
La liste est sans fin. Voici une autre
catégorie de paradoxes :
- Elle doit suivre la mode, mais ne pas se dévêtir
- Elle doit se dévêtir, mais de manière dosée pour ne pas choquer ces prudes animaux
- Elle doit avoir de la conversation, mais ne pas être plus intelligente que son désiré égal
- Elle doit faire un effort pour être belle et apprêtée, mais pas trop pour ne pas attiser la jalousie de son mâle ni l’envie de ses pairs
Et maintenant, une liste
d’absurdités sans nom :
- Une femme qui ne veut pas d’enfants, elle n’est pas normale
- Un homme qui ne veut pas d’enfants, ils se concentre sur sa carrière
- Une femme carriériste, elle n’est pas normale
- Un homme carriériste, il subvient
aux besoins de sa famille
- Une femme qui sort pour draguer, c’est une pute
- Un homme qui sort pour draguer, c’est normal, il a des besoins
- Une femme qui ne veut pas d’histoires sérieuses, c’est une pute
- Un homme qui ne veut pas
d’histoires sérieuses, c’est normal, il doit s’amuser avant de se poser
- Une femme qui s’habille légèrement quand il fait chaud, c’est une salope
- Un homme qui s’habille légèrement quand il fait chaud, c’est normal
Encore une liste ?
- Une femme policière ou qui exerce un métier manuel, c’est une lesbienne
- Une femme qui fait de la boxe, c’est une lesbienne
- Une femme qui fait de la moto, c’est une lesbienne
- Une femme qui s’investit dans un sport autre que la danse, c’est une lesbienne
Et quand bien même, qu’est-ce que
ça peut vous foutre ?
- Une femme ne peut pas porter plusieurs casquettes
- Une femme ne peut pas être totalement indépendante
- Une femme ne peut pas être ce qu’elle veut
- Une femme ne peut pas être l’égal de l’homme
Je continue ou on arrête
avec ces listes loin d’être exhaustives ?
Je sais que de nombreuses
personnes dédramatisent régulièrement avec des « oh ça va »,
« c’est sa faute aussi, pourquoi elle s’habille comme ça ? »,
« une femme n’est pas faite pour le travail manuel », « on peut
dire ce qu’on veut, une femme ne peut pas faire ce qu’un homme fait ».
C’est du sexisme pur et dur. Ce
sexisme qui est validé et intégré depuis notre plus tendre enfance. Dès notre
plus jeune âge, les différences sont notoires : un garçon, ça fait du
foot, une fille, de la danse. Quand les garçons vont jouer dehors, les filles
restent à la maison et aident maman. Quand papa fait des activités
« masculines », maman emmène les filles faire du shopping.
Posez-vous un peu la question
avec vos propres enfants, vos neveux et nièces. Le sexisme (dans les deux sens)
se retrouve parfois dans la plus petite phrase, dans la plus fine des
intonations : « t’aimes pas le foot, toi ? » ou « ah bon,
t’aimes pas le maquillage, toi ? ».
Tout le monde est libre d’aimer
ce qu’il veut, qui il veut, en ses propres termes. Tout le monde est libre de
vivre sa vie comme bon lui semble. Et personne n’a le droit de donner un avis
là-dessus. Cet avis que tout le monde se défend de pouvoir donner librement
dans une société où la liberté d’expression et l’expression des cons sont
souvent confondues, personne ne le demande.
Est-ce que ce discours fait de
moi une féministe ? Est-on féministe parce qu’on veut l’égalité des
sexes ? Pourquoi les féministes sont-ils/sont-elles si mal vus/vues ?
Est-ce une tare de défendre des droits fondamentaux ? Est-on extrémiste
parce qu’on exhibe son ras-le-bol à coup de seins nus sur une place
publique ?
Non. Et je trouve aberrant que le
terme « féminisme » et ses dérivés existent, parce qu’il ne démontre
qu’un problème sociétal majeur. En aucun cas une femme ne devrait avoir à se
justifier de quoi que ce soit. La vraie égalité ne réside pas dans le
démarquage d’un sexe par rapport à l’autre, mais bien dans l’absence totale de
comparaison.
Plus on avance, plus on régresse.
C’est un constat journalier qui est étalé partout sans pudeur aucune. Plus les
moyens de communication évoluent, moins on s’écoute les uns les autres. Ce
sentiment de ras-le-bol général est en train de grandir dans le cœur de chacun,
peu importe le sujet abordé.
Dans la société que nous
connaissons, nous devrions être capables de nous entendre, de nous écouter, de
nous tolérer. Il est néanmoins absolument nécessaire de poser des actes forts
pour se faire entendre. Est-ce normal ? Non ! Nous sommes censés
représenter l’évolution, l’intelligence. Plus les années passent, au plus nous
démontrons le contraire au travers de comportements égoïstes, radicaux et
dégueulasses. Darwin avait raison en termes d’évolution. Cependant, il a omis
de prendre en compte que l’infinie intelligence de l’humain n’a d’égal que son
infinie connerie. C’est ce qui lui nuit et qui pourrait le conduire à sa perte.
Dans quel monde vit-on ? Je
dégueule cette société intolérante qui dicte des codes patriarchaux totalement
moyenâgeux et abjectes. Je dégueule ces gens qui n’en n’ont rien à faire de ces
différences constantes. Je dégueule ce monde tout bonnement choquant
d’intolérance, de xénophobie, d’homophobie. Nous sommes la pire race que la
Terre ait jamais vue. Et nous n’en faisons rien.
On aime qui on veut, on s’aime
comme on veut, on s’habille comme on veut. Merde, à la fin ! Posez-vous
cette simple question : est-ce que la façon dont un parfait inconnu mène
sa vie a un impact sur la mienne ? Si la réponse bien entendu objective et
réfléchie est « non », alors, foutez-lui la paix.
Je suis une femme, je fais ce que
je veux, où je veux, quand je veux, comme je veux, avec qui je veux. Et vous
n’avez qu’à l’accepter.
Bise de loin sur vos doux fronts.
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