Nous vivons des temps où la
technologie est omniprésente dans nos vies. Des films ultra-futuristes comme
iRobot à l’époque, qui nous montrait une ère totalement robotisée dans laquelle
l’humain vivait en parfaite harmonie (ou presque, pas de spoilers) avec des
machines en tous genres, ne sont plus si futuristes que ça.
Le smartphone fait partie de ces
inventions qui ont changé la face du monde. Plus besoins de 10 appareils
différents : tout est centralisé sur une machine qui tient facilement dans
une main. Cet outil de travail et de divertissement est très utile : il
donne accès à tout, tout le temps et partout. Il donne surtout accès à
l’information, que celle-ci soit relayée dans la presse en ligne, dans les
journaux télévisés en ligne ou sur les réseaux sociaux.
Toutefois, cet accès constant à
l’information peut être dangereux. D’ailleurs, mon smartphone, je le vois de
plus en plus comme une boîte de Pandore. À la différence que j’ai déjà vu ce
qu’elle contient, et je suis de moins en moins tentée de l’ouvrir.
L’humain est un être qui ne
connaît pas de limites. Bien que cela puisse avoir de nombreux avantages
lorsqu’il est concentré sur un objectif positif, il est très difficile pour lui
de ne pas verser dans l’excès et la perversion.
On en a déjà pu faire le constat
avec les réseaux sociaux. Le but premier était de rapprocher les gens, de se
créer un cercle social, de partager des expériences. Petit à petit, ces réseaux
sont devenus un moyen d’exposer, de critiquer, de « basher »
gratuitement. Il suffit de regarder quelques épisodes de la série Black Mirror
pour se dire que l’humain est probablement l’un des êtres qui a le plus de
potentiel à verser dans la vileté, l’infâmie et la bassesse morale.
La médiatisation de faits en tous
genres a vécu la même histoire. Au départ, la presse donnait accès à des
informations diversifiées et étrangères. On était informé des mouvements dans
son pays, puis on a dépassé les frontières. Au final, on était informé et on mourait
moins bête, en quelque sorte.
Et puis, en suivant un cycle devenu
presque naturel, l’humain a perverti ce moyen de communication et de
connaissance. Un fait anodin prend maintenant une ampleur démesurément inutile.
Une information est maintenant détournée en un titre putaclic pour s’assurer
des vues et des abonnés. Une situation bénigne est répétée chaque jour,
accompagnée de nombres plus effrayants les uns que les autres. La technique de
la surenchère fonctionne et rapporte beaucoup d’argent, indéfiniment le nerf de
la guerre. Alors pourquoi s’en priver ?
Ceci étant dit, la capacité de
l’humain à remettre en question les informations qu’il reçoit laisse souvent à
désirer. Cette absence de recherche de la vérité vraie, par opposition à la
vérité qu’on nous donne, et cette omniprésence de la fénéantise à vérifier
soi-même les sources ont favorisé la perversion des médias. La société manque
cruellement de cartésiens capables de douter sincèrement des
« faits » qui leur sont rapportés.
Dès lors, la majorité des humains
ayant accès à l’information se focalise sur un seul et unique son de cloche et
n’attend même plus d’entendre une autre version des faits exposés. Elle se
laisse par exemple avoir par des photos prises sous un angle favorable à celui
qui veut raconter l’histoire qui l’arrange. Qui n’a d’ailleurs pas vu cette
photo ? Cette photo qui a fait le tour du monde en deux parties : la
première partie a été utilisée pour montrer une vérité manipulée (l’absence d’humanité
des soldats en temps de guerre), la seconde pour montrer la vérité vraie de la
situation et pour prouver qu’on peut faire dire ce qu’on veut à une photo manipulée.
La presse avait à son origine
pour but d’informer. Force est de constater qu’à présent, les titres
accrocheurs, la désinformation et la surmédiatisation sont monnaie courante. Le
problème est qu’avec la désinformation et la surmédiatisation, des vents de
panique sont créés. Étant donné que ce que raconte la presse est devenu parole
d’évangile, on panique sans savoir, on a peur sans raison valable, on
s’encroûte dans une absence de curiosité saine et de recherche.
Petit à petit et sans aucune
raison particulière, nous avons donné aux médias ce statut presque saint de
messie partageant des messages de vérités absolues. Qui n’a jamais entendu dans
son entourage quelqu’un dire « ah beh si, ils l’ont dit à la télé, c’est
que c’est vrai » ? On pourrait parfaitement utiliser la métaphore du
berger : il mène ses moutons là où il le souhaite et les moutons suivent
sans broncher.
N’allez pas croire que je
m’exclus de la majorité. J’ai fait moi-même preuve de panurgisme pendant tout
un temps. Heureusement, je m’en suis rendu compte et je me suis demandé
pourquoi. Je me suis aperçue que la routine du quotidien m’a plongée dans une
léthargie médiatique qui me poussait à simplement hausser les épaules en me
disant que le monde partait en vrille sans que personne réagisse.
J’ai donc décidé de reprendre les
rênes de ma connaissance et de ma curiosité en main. Bon, à notre époque,
quelqu’un qui remet tout en doute est vu comme un conspirationniste. Tout le
monde s’attelle à le descendre sous prétexte qu’il va en l’encontre des idées
généralement acceptées. Mais ce n’est pas une raison pour se laisser embourber dans
des raisonnements généralisés. Ce n’est pas parce que la majorité dit quelque
chose qu’elle a forcément raison. Il faut savoir se battre intelligemment pour
convaincre et rallier les autres à sa cause.
Nous assistons donc, grâce à la surmédiatisation
et la désinformation, à un combat entre les montons suivant leur berger sans
questionnement, méprisant tous ceux qui ne rentrent pas dans les rangs et les
saumons qui remontent les rivières dans un torrent violent d’inepties, tentant
de transformer les moutons, un par un, en saumons.
J’étais un mouton, je suis en
train de devenir un saumon. Et vous ? Savez-vous lequel vous êtes et
lequel vous avez envie d’être ? À l’approche de l’été, j’aurais tendance à
vous conseiller d’abandonner la laine pour un maillot de bain, mais j’imagine
que certains sont frileux et qu’il faut leur laisser le temps de s’adapter à un
nouveau climat. Avec un peu d’aide, de soutien et de persévérance, on pourra
tous nager dans le grand bain. Il suffit de ne pas abandonner. On commence par
une rivière et on finira dans le grand bleu.
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